Quelques centaines de personnes ont manifesté samedi à Tunis pour exiger la libération de Rania Amdouni, une militante féministe condamnée à six mois de prison il y a quelques jours pour avoir proféré des insultes contre des policiers.
Rania Amdouni, militante LGBTQI+ (Lesbienne, gay, bi, trans, queer et intersexuel) de 26 ans, a été la cible d’une campagne de dénigrement alimentée par des syndicats policiers après avoir participé à des manifestations contre la répression policière en janvier.
Sa photo, accompagnée de commentaires dégradants, a été partagée à de nombreuses reprises sur les réseaux sociaux par ces syndicats, ainsi que d’autres données personnelles comme son adresse.
La jeune femme, visage connu des mobilisations prodémocratie, a été condamnée jeudi à six mois de prison ferme pour des insultes dans un commissariat où elle tentait de déposer plainte contre des policiers.
Samedi, les manifestants rassemblés sur l’avenue Habib Bourguiba, dans le centre de la capitale tunisienne, ont brandi des photos de la militante et des pancartes affichant « ne recule jamais, n’abandonne jamais la résistance » ou encore « la liberté est une obligation ». »Rania est l’une des nôtres et le verdict à son encontre est injuste », a déploré auprès de l’AFP Balqis, une jeune manifestante.
Les protestataires ont réclamé la libération de Mme Amdouni ainsi que celle d’autres Tunisiens arrêtés et emprisonnés lors des rassemblements des deux derniers mois dénonçant répression policière, pauvreté, corruption et chômage.
Selon des groupes de défense des droits humains, plus de 1.000 manifestants ont été détenus depuis le début de l’année et certains sont toujours en prison.
« Nous constatons aujourd’hui, 10 ans après la révolution, que les droits constitutionnels sont complètement bafoués et que la police de Ben Ali et de retour », s’est alarmée Emna Sahli, qui manifestait aussi à Tunis.
L’ancien président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a été évincé du pouvoir en 2011 et la Tunisie est depuis souvent saluée comme l’un des rares succès du Printemps arabe, au regard de sa transition politique.
Mais de nombreux Tunisiens sont en colère contre une classe politique divisée et jugée déconnectée des réalités sociales telle que la hausse des prix et du chômage.
AFP