La puissante centrale syndicale tunisienne UGTT a annoncé mardi une grève nationale du secteur public le 16 juin pour protester contre l’inflation galopante et empêcher une privatisation des grandes entreprises étatiques.
Cette annonce risque d’exacerber les tensions dans un pays en proie à une profonde crise économique, où le gouvernement a besoin du soutien de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) au programme de réformes qu’il a soumis au Fonds monétaire international (FMI) dans l’espoir d’obtenir un nouveau crédit. « Tout le personnel » des 159 institutions et entreprises publiques cessera le travail afin d’obtenir « des négociations immédiates pour restaurer le pouvoir d’achat des Tunisiens », a indiqué l’UGTT dans un communiqué.
La centrale demande « des garanties » pour que les entreprises publiques, dont beaucoup de monopoles (office des céréales, électricité, carburants, phosphates, etc..), ne soient pas privatisées. Le syndicat a accusé, dans son communiqué, le président Kais Saied de « saper les principes de la négociation et de revenir sur des accords conclus précédemment », alors que le pays fait face à « des hausses des prix folles et continues », avec une inflation de 7,5% en avril (sur un an).
Le gouvernement a soumis un plan de réformes au FMI qui prévoit un gel de la masse salariale de la fonction publique, une réduction progressive de certaines subventions étatiques et une restructuration des entreprises d’Etat. Mais le FMI veut que ces promesses soient soutenues par les partenaires sociaux dont l’UGTT pour garantir leur application.
La Tunisie, secouée par une profonde crise politique après le coup de force du président Saied du 25 juillet dernier, demande une aide d’environ quatre milliards de dollars, la troisième en 10 ans pour le pays berceau du Printemps arabe. Lundi, l’agence de notation Fitch a déploré que les tensions entre le gouvernement et l’UGTT freinent les négociations avec le FMI, jugeant « très difficile » d' »adopter les réformes politiques et économiques sans le soutien de l’UGTT ».
La semaine passée, l’UGTT a annoncé son refus de participer à un processus de « dialogue national » lancé par M. Saied, qui exclut les partis politiques. Depuis l’été 2021, M. Saied concentre tous les pouvoirs, « un coup d’Etat », selon ses opposants. Il a dissous fin mars le Parlement, dominé par sa bête noire, le parti d’inspiration islamiste Ennahdha. Pour sortir de l’impasse politique, le président a proposé une feuille de route qui prévoit un référendum sur la Constitution le 25 juillet et des législatives anticipées le 17 décembre.
AFP