Un ex-député tunisien, virulent critique du président Kais Saied, a été arrêté chez lui dans la nuit de vendredi à samedi après avoir été condamné par un tribunal militaire à 14 mois de prison, a indiqué son avocate.
Seifeddine Makhlouf, chef d’Al-Karama, un parti islamo-nationaliste, a été reconnu coupable vendredi d’insulte envers des agents de la police à l’aéroport international de Tunis-Carthage en mars 2021. Un tribunal militaire l’a condamné en appel vendredi à 14 mois de prison avec effet immédiat, a déclaré à l’AFP son avocate, Ines Harrath.
M. Makhlouf avait été condamné en mai 2022 à cinq mois de prison en première instance. Une vingtaine de membres des forces de l’ordre en civil ont encerclé sa maison vers 23H00 et au bout de deux heures « ont pénétré chez lui et l’ont emmené », a-t-elle ajouté.
Une vidéo publiée sur Facebook par Mme Harrath montre M. Makhlouf être conduit dans la rue par les membres des forces de l’ordre et crier: « A bas le coup d’Etat ». Des hommes en civil le font ensuite entrer dans une voiture. M. Makhlouf, qui avait perdu son immunité parlementaire en 2022, est un virulent critique du président Kais Saied.
Elu fin 2019, M. Saied s’est arrogé les pleins pouvoirs fin juillet 2021 en limogeant le Premier ministre et en suspendant le Parlement, avant de le dissoudre en mars 2022. Ses détracteurs l’accusent d’instaurer une nouvelle autocratie dans le pays qui fut le berceau du Printemps arabe en 2011.
En mars 2021, M. Makhlouf ainsi que d’autres députés de son bloc s’étaient rendus à l’aéroport de Tunis pour exhorter la police aux frontières de laisser une femme voyager, provoquant une dispute. Dans le cadre de cette affaire, le tribunal militaire a également condamné vendredi plusieurs personnes, notamment des membres de Karama, à des peines de prison plus légères.
En juin 2022, M. Makhlouf avait par ailleurs été condamné en appel par un tribunal militaire à un an de prison ferme pour « atteinte à la dignité de l’armée », selon son avocat. Il avait également été sanctionné d’une interdiction d’exercer son métier d’avocat pour cinq ans. Des ONG locales et internationales dénoncent régulièrement les poursuites judiciaires engagées contre des civils par des tribunaux militaires.
AFP