Les Béninois ont accueilli mercredi après-midi dans la solennité et avec une immense émotion 26 oeuvres des trésors royaux d’Abomey, pillées par les troupes coloniales françaises au XIXe siècle et restituées mardi par Paris.
L’avion transportant les trésors royaux a atterri aux alentours de 15H15 locales (14H15 GMT) à l’aéroport de Cotonou, la capitale économique du Bénin, où plusieurs membres du gouvernement béninois attendaient le déchargement des caisses transportant ces oeuvres. « Il y a des instants dans l’histoire d’une nation qui changent le cours des choses.
Cet instant-là que nous vivons, c’est un instant qui restera gravé, c’est un instant important », a déclaré sur le tarmac le ministre des Affaires étrangères Aurelien Agbenonci. Le long de la route qui sépare l’aéroport de la présidence, lieu où les oeuvres vont être transportées par camion et où une cérémonie est prévue, des centaines de personnes se pressaient sur les trottoirs pour rendre hommage à ces trésors, dont certains revêtent un caractère sacré.
« Je suis venu me convaincre que ces oeuvres sont réellement revenues au pays. Je suis ému jusqu’aux larmes », lance, ébranlé, Ousmane Agbegbindin, un Béninois âgé de 45 ans. « C’est vrai qu’on ne peut pas voir les objets, mais le seul fait de savoir que les trônes de nos ancêtres, leurs chaussures, récades et autres objets sont dans ces camions me fait un effet que je ne peux vous décrire », lâche cet entrepreneur, les joues trempées de larmes.
Même émotion pour Martine Vignon Agoli-Agbo, qui habite le nord du Bénin et qui a parcouru plus de 500 kilomètres avec ses deux filles pour assister à ce moment historique. « Nous sommes à Cotonou depuis 24 heures, rien que pour vivre le spectacle de l’arrivée de ces trésors. C’est tellement émouvant », affirme-t-elle à l’AFP.
La veille à Paris, le président français Emmanuel Macron avait reçu son homologue béninois Patrice Talon pour finaliser la restitution de ces 26 trésors conservés jusqu’ici au musée parisien du Quai Branly, et qui ont donc rejoint le Bénin mercredi.
Parmi ces oeuvres figurent des statues totem de l’ancien royaume d’Abomey ainsi que le trône du roi Béhanzin, pillés lors de la mise à sac du palais d’Abomey par les troupes coloniales françaises en 1892. Cette cérémonie solennelle au Bénin marque la dernière étape d’un processus inédit entamé avec la promesse faite en 2017 par M. Macron de procéder à des restitutions du patrimoine africain en France.
Les œuvres seront soumises à deux mois « d’acclimatation » aux nouvelles conditions de climat et d’hygrométrie, avant d’être exposées pendant trois mois à la présidence béninoise.
AFP