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Togo : l’opposition appelle sans grand écho à contester la réélection du président

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L’opposition togolaise a appelé lundi à la mobilisation contre la victoire contestée du président sortant Faure Gnassingbé, reconduit pour un quatrième mandat, un appel qui pour l’instant a trouvé peu d‘écho à travers le pays, dirigé depuis plus d’un demi-siècle par la même famille.

“Je lance un appel aux populations togolaises à se mobiliser pour manifester leur désapprobation face à cette mascarade électorale et à défendre leur suffrage”, a déclaré Agbéyomé Kodjo lundi après-midi, lors d’une conférence de presse.

Cet ancien Premier ministre et outsider de l’opposition est arrivé deuxième, selon les résultats préliminaires de la Commission électorale indépendante (Ceni) avec 18% des voix, contre 72% pour le président sortant.

Le candidat du Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement (MPDD) rejette ce scrutin qu’il juge entaché de graves “irrégularités”, et s’est auto-déclaré “président de la République togolaise”, quelques heures avant la proclamation des résultats officiels, dans la nuit de dimanche à lundi.

C’est la première fois que des résultats officiels sont annoncés aussi rapidement au Togo, à peine plus de 24 heures après le scrutin, et la Commission électorale indépendante (Ceni) a “pris tout le monde de court”, selon un diplomate missionné dans le pays.

“Les observateurs internationaux n’avaient même pas encore fait leurs déclarations”, note cette source, estimant qu’il était “impossible de compiler et centraliser physiquement des quelque 9.000 bureaux de vote du pays sans système électronique”.

“Il ne s’est pas embêté avec des résultats au coude à coude”, analyse cet observateur, “il a voulu faire passer le message que c’est lui le patron”.

A Lomé, quelques véhicules de l’armée et des forces de l’ordre patrouillaient dans les rues, tandis que la population a vaqué toute la journée à ses occupations ordinaires.

‘Le même qui gagne’

Les Togolais étaient régulièrement descendus par dizaines de milliers dans les rues entre 2017 et 2018 pour demander la démission de Faure Gnassingbé, dans des manifestations réprimées dans le sang.

Mais le pouvoir a tenu bon et en 2019, le Parlement votait une révision de la Constitution lui permettant de se présenter pour un quatrième et cinquième mandats.

Dans les quartiers de Lomé acquis à l’opposition, on échangeait, mais d’une manière générale, les gens se disent “fatigués”.

“Chaque jour, c’est toujours le même qui gagne, nous on voulait le changement mais cela ne peut pas arriver ici”, explique Caleb, un commerçant partisan de “Kodjo”, à l’AFP.

“Même si Kodjo appelle à descendre dans la rue je ne crois pas que j’irai. On a manifesté mais rien ne change”, a-t-il ajouté.

“Les résultats sont faux mais nous sommes résignés. Qu’est-ce qu’on peut faire? Si tu sors dans la rue on te tue, on te frappe”, renchérit Dodji, le client d’un restaurant.

Les électeurs de l’opposition se sont dit “déçus” voire “trahis” par l’opposition historique de l’Alliance nationale pour le changement, qui a remporté un score très faible (4%).

Mais de manière générale, beaucoup ne croient plus à l’alternance dans un pays où le parti au pouvoir garde un ancrage territorial très important dans l’administration et le pouvoir traditionnel.

De son côté, le président sortant, âgé de 53 ans, a fêté sa victoire avec ses supporters mais n’a pas fait de discours à la nation.

Il est apparu en costume gris clair et casquette bleue estampillée d’un F pour “Faure”, et a remercié “la jeunesse togolaise mobilisée pour célébrer (…) la démocratie”.

Les observateurs de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont exhorté les candidats à “respecter les résultats issus des urnes et proclamés par les institutions” et à recourir, si besoin, “aux voies légales”, dans une déclaration lue lors d’une conférence de presse lundi après-midi.

L’Union africaine (UA) a également appelé le peuple togolais à “continuer d’oeuvrer pour préserver la paix, la stabilité, afin de consolider la démocratie et l’Etat de droit”.

M. Gnassingbé, arrivé au pouvoir en 2005 après le décès de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui avait lui-même dirigé le Togo pendant 38 ans, a été réélu depuis lors de scrutins tous contestés par l’opposition.

Il garde d’importants alliés parmi ses pairs africains et avec la France, ex-puissance coloniale impliquée dans la lutte contre les mouvements jihadistes au Sahel voisin, qui restent particulièrement sensibles à la stabilité du Togo dans cette région volatile.

AFP

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