Des milliers de soudanais ont manifesté à Khartoum dimanche, pour protester contre le coup d’Etat du général Abdel Fattah al-Burhane qui a plongé le pays dans le chaos, a constaté un journaliste de l’AFP.
« Les militaires à la caserne », a crié la foule qui se dirigeait vers le palais présidentiel, où siège le chef de l’armée qui a mené le coup d’Etat du 25 octobre 2021. La police tirait des grenades lacrymogènes sur les manifestants aux abords du palais, selon la même source. A Omdourman, la banlieue nord-ouest de Khartoum, les manifestants ont érigé des barricades pour ralentir l’avancée des forces de sécurité, a rapporté un photographe de l’AFP.
Dans l’Etat oriental de Kassala « 800 personnes » ont battu le pavé lundi pour réclamer un retour des civils au pouvoir, selon Hussein Mohammed Chahed, un témoin. Mardi, un an jour pour jour après le putsch, ils étaient déjà des milliers à défiler dans différentes villes du Soudan pour réclamer un retour des civils au pouvoir.
Face à une mobilisation d’une ampleur inédite depuis des mois, aucun tir n’a retenti mais un manifestant est mort « renversé par un véhicule militaire » portant le bilan de la répression à 119 morts en un an, selon des médecins pro-démocratie. Pas de quoi décourager les protestataires qui brandissent dimanche les portraits des manifestants tués et des drapeaux soudanais.
Les pro-démocratie redoutent un retour à l’ancien régime du général Omar el-Béchir. Ils en veulent pour preuve le fait que de nombreux islamistes ont retrouvé les postes qu’ils occupaient au sein du pouvoir islamo-militaire qui régna sur le Soudan de 1989 à 2019.
Samedi, plusieurs milliers d’islamistes ont manifesté devant la délégation de l’ONU à Khartoum, dénonçant comme une « ingérence » les médiations internationales qui tentent de réconcilier civils et militaires pour relancer la transition démocratique.
Depuis le putsch, manifestants et militants répètent le même mot d’ordre: « pas de négociation ni de partenariat avec les putschistes » et retour au pouvoir des civils, condition sine qua non pour la reprise de l’aide internationale interrompue à la suite du putsch. Le pays, l’un des plus pauvres au monde, ne cesse de s’enfoncer dans la crise et aucune sortie de crise ne semble en vue malgré les médiations.
Quant à la situation économique, elle ne fait qu’empirer: entre inflation à trois chiffres et pénuries alimentaires, un tiers des 45 millions de Soudanais souffrent de la faim. C’est 50% de plus qu’il y a un an, selon le Programme alimentaire mondial.
AFP