Quatre Soudanais ont été tués jeudi dans de nouveaux affrontements tribaux dans l’Etat du Nil Bleu dans le sud du Soudan, à la frontière avec l’Ethiopie, ont rapporté un dignitaire tribal et un médecin.
En juillet, des affrontements entre la tribu des Haoussa, une ethnie africaine, et des tribus rivales avaient fait au moins 105 morts et des dizaines de blessés dans le même Etat. « Les affrontements ont repris jeudi à Wad al-Mahi. Quatre personnes ont été tuées et des maisons ont été incendiées », a déclaré par téléphone à l’AFP Mohammed Noureddine, chef tribal Haoussa. « Les violences sont toujours en cours », a-t-il ajouté.
Un médecin de l’hôpital de Wad al-Mahi a confirmé à l’AFP sous couvert de l’anonymat « la présence de quatre corps et de nombreux blessés dans le petit hôpital », rapidement dépassé par l’afflux de victimes. Les heurts ont repris à la suite du meurtre d’un fermier Haoussa, selon M. Noureddine. Le conflit entre tribus est né de la très sensible question de l’accès à la terre dans un pays, parmi les plus pauvres au monde, où l’agriculture et l’élevage représentent 43% des emplois et 30% du PIB.
La coutume ancestrale interdit aux Haoussa, arrivés les derniers dans le Nil Bleu, de posséder la terre, ce qu’ils contestent. Selon l’ONU, les récents épisodes de violence dans l’Etat du Nil Bleu ont déplacé quelque 37.700 personnes, pour beaucoup encore réfugiées dans des camps de fortune ou des écoles.
Fin juillet, une trêve avait été conclue. Elle n’a pas empêché de nouveaux affrontements, entraînant la mort d’au moins 18 personnes en septembre. Les conflits tribaux connaissent une recrudescence, notamment au Darfour, dans l’ouest, du fait, disent les experts du vide sécuritaire créé par le putsch du 25 octobre 2021 à Khartoum.
Les Soudanais hostiles au coup d’Etat du général Abdel Fattah al-Burhane, qui manifestent chaque semaine depuis près d’un an, appellent désormais dans leurs défilés à « l’unité » et à « la fin du tribalisme ». La répression de ces manifestations a coûté la vie à moins 117 personnes, selon des médecins. Le Soudan s’enfonce dans le marasme économique et politique avec une inflation à environ 200% et une monnaie en chute libre.
AFP