Le général Mohamed Hamdan Daglo, dit « Hemedti », numéro deux du Conseil souverain qui dirige la transition au Soudan, a accusé mercredi les « politiciens » d’avoir « offert l’occasion » à la tentative de putsch qui a fait trembler le pays la veille, selon l’agence officielle.
Lors d’une visite dans un campement militaire à l’ouest de Khartoum, ce chef d’une puissante force paramilitaire a accusé les politiciens d’avoir « négligé les citoyens et les services de base » car ils « étaient occupés par leurs luttes de pouvoir, ce qui a engendré le mécontentement » général, a rapporté l’agence officielle Suna Mardi, Khartoum avait annoncé avoir déjoué une tentative putschiste impliquant des civils et des militaires, les accusant d’être liés au régime d’Omar el-Béchir, destitué en avril 2019 après 30 ans d’un règne sans partage.
Les militaires impliqués ont depuis été placés en détention. « Notre cause à nous est la patrie », a affirmé lors de la même visite le chef de l’armée et du Conseil souverain, Abdel Fattah al-Burhane. Et ce, a-t-il martelé, contrairement à d’autres « forces politiques ». « Nous sommes ceux qui ont contrecarré cette tentative de coup d’Etat », a ajouté le militaire.
L’annonce de la tentative de putsch avait déclenché mardi des rassemblements de protestation, notamment dans l’est du Soudan où les manifestants scandaient « Non au pouvoir militaire! » et « Non au coup d’Etat! ». Cette tentative de coup d’Etat n’est pas la première à viser le gouvernement civilo-militaire de transition dans un pays qui a déjà vécu plusieurs coups d’Etat dont celui qui avait porté M. Béchir au pouvoir en 1989.
Emprisonné à Khartoum depuis sa destitution, ce dernier est actuellement jugé pour ce putsch. Il est également réclamé par la Cour pénale internationale pour « génocide » au Darfour (ouest) notamment. Mardi déjà, le général Burhane s’était rendu dans un campement du sud de la capitale soupçonné d’avoir été le point de départ de la fronde. Là, il avait dit vouloir « protéger la transition » et mis en garde contre les « conséquences destructrices » d’un putsch.
M. Daglo, un ancien du régime de Béchir, avait lui affirmé tenir à « une véritable transition démocratique avec des élections libres et justes ». En place depuis plus de deux ans, le pouvoir civilo-militaire, né d’un accord avec les mouvements ayant mené la révolte contre M. Béchir, a jusqu’en 2023 pour mener le Soudan à un pouvoir entièrement civil. Mais pour l’heure, les militaires gardent la haute main sur les affaires.
AFP