Au moins 1.071 migrants et réfugiés sont morts ou portés disparus cette année en Méditerranée, et près des deux tiers des décès ont été enregistrés le long de l’itinéraire de la Méditerranée centrale reliant les côtes de l’Afrique du Nord aux eaux territoriales italiennes, a déclaré mardi l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Le dernier épisode de ces tragiques décès a eu lieu au large des côtes de l’île italienne de Lampedusa, avec un naufrage survenu dans la nuit du 6 au 7 octobre.
Treize corps ont été ainsi repêchés lundi après-midi après le naufrage dans la nuit précédente d’un bateau de migrants et de réfugiés près de Lampedusa. Les victimes retrouvées sont toutes des femmes, dont certaines enceintes.
« Treize corps – tous des femmes – ont été récupérés par les garde-côtes italiens et la Brigade financière », a confirmé Joel Millman, porte-parole de l’OIM, au cours d’un point de presse à Genève.
Selon lui, les victimes seraient originaires de Côte d’Ivoire, du Burkina Faso et de la Guinée. Les migrants ont déclaré avoir perdu leurs frères, sœurs, maris et amis.
Les garde-côtes italiens ont été appelés peu après minuit pour secourir un bateau transportant une cinquantaine de migrants et en train de sombrer. Alors que les secours approchaient, le bateau aurait chaviré « en raison des conditions météorologiques difficiles et d’une embarcation « surchargée ».
« Les migrants seraient partis de l’île tunisienne de Kerkennah à bord d’un bateau en bois », a précisé M. Millman.
Selon les témoignages de survivants recueillis par le personnel de l’OIM à leur point de débarquement, leur navire transportait 15 Tunisiens ainsi que des migrants provenant de divers pays d’Afrique de l’Ouest.
Près de 19.000 migrants morts ou portés disparus en Méditerranée depuis 2014
Les 22 personnes secourues ont été transportées jusqu’au port de Lampedusa, au large de la Sicile dont une femme dans un état critique qui a été transférée par hélicoptère à l’hôpital de Palerme.
Mardi matin, 17 migrants et réfugiés étaient toujours portés disparus, dont des femmes et au moins deux enfants.
Parmi les disparus figurent des ressortissants de Côte d’Ivoire, du Cameroun et de Guinée Conakry et quatre ressortissants tunisiens dont trois hommes et un garçon de 17 ans.
Le projet de l’OIM sur les migrants disparus a signalé qu’à la date du 6 octobre, 688 migrants ou réfugiés ont péri le long de l’itinéraire de la Méditerranée centrale reliant les côtes de l’Afrique aux eaux territoriales italiennes, soit près des deux tiers du nombre total de décès enregistrés à ce jour en 2019 dans la Méditerranée. Quelques 66 autres victimes ont été signalées le long de la Méditerranée orientale reliant les côtes turques et syriennes à la Grèce et à Chypre. L’OIM a signalé 317 autres décès dans les eaux entre l’Afrique du Nord et l’Espagne.
Au total, 18.990 migrants et réfugiés sont morts ou ont disparu en Méditerranée alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Europe depuis 2014.
Selon l’Agence de l’ONU pour les migrations (OIM), 15.750 décès ont été enregistrés depuis le 1er janvier 2014 sur cette seule voie de la Méditerranée centrale, environ dix fois le total des pertes sur le corridor oriental de la Méditerranée reliant le Moyen-Orient à la Grèce ou sur la route occidentale reliant l’Afrique du Nord à l’Espagne.
Par ailleurs, 72.263 migrants sont entrés en Europe par la voie maritime depuis le 1er janvier, soit 14% de moins que les 84.345 personnes qui ont débarqué sur la même période l’année dernière. Les arrivées en Grèce et en Espagne étaient respectivement de 39.155 et 17.405. Le nombre d’arrivées en Italie était de 7.892 contre 21.119 sur la même période en 2018.