Une ligne de chemin de fer très attendue entre Lagos, mégalopole économique du Nigeria de 20 millions d’habitants, et l’autre grande ville du sud-ouest, Ibadan, a commencé son activité lundi après de nombreux mois de retard.
Le projet de 1,6 milliard de dollars avait vu le jour en 2017, et devait être complété début 2019, mais la société de construction chinoise China Civil Engineering and Construction Corporation (CCECC) avait notamment dû réduire le nombre de ses ouvriers, pour beaucoup chinois, de 10.000 à 3.000 ces derniers mois à cause de la pandémie de Covid-19.
« Nous sommes très heureux de pouvoir dire que les opérations commerciales ont commencé aujourd’hui », a déclaré à l’AFP Jerry Oche, responsable local de la compagnie nationale des chemins de fer, Nigeria Railway Corporation (NRC).
« Le train est parti d’Ibadan à 8 heures et est arrivé à Lagos à 10 heures », s’est-il réjoui. La ligne qui s’étend sur 156 kilomètres est particulièrement attendue par les dizaines de millions d’habitants de ces deux immenses mégalopoles régionales, contraints de passer parfois plus de cinq heures sur une autoroute dangereuse, défoncée et ultra-congestionnée par le transport poids lourds.
« Pour l’instant le service est limité à un trajet par jour, du lundi au vendredi, mais nous espérons faire 16 voyages par jour à partir de janvier », a précisé M. Oche, en attendant son inauguration officielle en janvier prochain.
Malgré un coût très élevé pour la classe moyenne et populaire du Nigeria (3.000 à 6.000 nairas, soit 6 à 16 dollars), cette ligne, qui doit désengorger la principale voie de sortie de Lagos sur le reste du pays, pourrait avoir d’immenses retombées économiques.
« Après des années de discussion et zéro résultat, (…) cette ligne pourrait avoir des conséquences majeures sur l’économie locale, notamment l’inflation, le prix des produits et de l’immobilier sur cet axe dans un futur proche », note le cabinet économique nigérian Financial Derivatives Company Limited.
Ce projet avait été commandé dès l’ère d’Olusegun Obasanjo (1999-2007) mais il ne voit le jour que sous le gouvernement de Muhammadu Buhari qui a fait du développement du transport ferroviaire dans ce pays de 200 millions d’habitants l’une de ses priorités.
Le président Buhari a annoncé des projets extrêmement ambitieux et promis de relier les principaux Etats du pays entre eux, mais peu d’entre eux ont vu le jour pour l’instant.
La ligne Abuja-Kaduna, également construite par une société chinoise, a toutefois été ouverte en 2018, et permet d’éviter l’autoroute qui relie la capitale fédérale au nord du pays, où les enlèvements contre rançons découragent les voyageurs.
AFP