Les forces de sécurité maliennes ont commis 94 exécutions extrajudiciaires entre le 1er avril et le 30 juin, a affirmé jeudi la Mission de l’ONU au Mali (Minusma), qui accuse également l’armée burkinabé de 50 exécutions extrajudiciaires sur le territoire malien pendant la même période.
La division des droits de l’homme de la Minusma, dans sa note trimestrielle publiée jeudi, s’inquiète d’une « augmentation des violations graves des droits de l’homme imputables aux forces de sécurité maliennes ».
L’ONU, qui avait déjà accusé début avril l’armée malienne d’exactions, a « documenté » 94 cas d’exécutions extrajudiciaires pour lesquels l’armée malienne est impliquée, « particulièrement » dans les cercles de Koro (Mopti) et de Niono (Ségou).Les accusations d’exactions des forces de sécurité se sont multipliées ces derniers mois au Sahel.
A plusieurs reprises, les partenaires internationaux des pays sahéliens ont réclamé enquêtes et sanctions.Le Mali, avec qui l’ONU indique avoir « formellement partagé » cette note, a annoncé lors de précédentes accusations avoir lancé des enquêtes pour situer les responsabilités.
Dans le centre malien, l’armée a été la cible de nombreuses attaques par des éléments de groupes jihadistes (la dernière en date, dimanche dans le cercle de Niono, 5 morts). Alors, des opérations militaires « se sont parfois apparentées à des opérations de représailles contre les populations civiles » accusées de soutenir les jihadistes, selon l’ONU jeudi.
La Minusma se dit également « préoccupée » par la multiplication des « opérations conduites (par l’armée malienne) avec l’appui des chasseurs dozo ».
Ces chasseurs traditionnels, réunis pour beaucoup sous la même bannière d’une milice officiellement dissoute mais qui continue d’opérer, ont été à plusieurs reprises accusés par le passé d’exactions.Toujours dans le centre du Mali, l’ONU a documenté 50 cas d’exécutions extrajudiciaires commises « entre le 26 et le 28 mai » par l’armée burkinabé, « notamment dans le village de Boulkessi et les campements environnants », zone située à la frontière avec le Burkina Faso.Cette région du centre du Mali, depuis l’apparition en 2015 d’un groupe jihadiste affilié à Al-Qaïda, connait une multiplication des violences jihadistes, de milices, intercommunautaires ou liés au brigandage, souvent entremêlées.
Les groupes jihadistes évoluant au Mali se sont eux rendus coupables, entre autres attaques contre des postes de contrôle et camps militaires, de 43 meurtres, 25 enlèvements, des attaques contre des écoles et des humanitaires entre avril et juin, selon l’ONU.
Egalement, six cas de violence sexuelle « imputables aux éléments armés extrémistes » ont été documentés par l’ONU dans le centre du Mali (cercle de Douentza).
AFP