L’absence de reddition des comptes et l’impunité dont jouissent les auteurs des abus commis dans la ville libyenne de Tarhouna entre 2013 et 2022 risquent de créer de nouvelles divisions en Libye, a averti un rapport de l’ONU.
Le rapport du Service des droits de l’homme de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) et du Bureau des droits de l’homme des Nations Unies décrit comment la milice de la fratrie Al-Kani, nommée les Kaniyat, a exercé un contrôle « brutal » sur Tarhouna.
Il recommande un processus global de justice transitionnelle et de réconciliation, avec des mesures de recherche de la vérité et des réparations pour les victimes. Il appelle également à des poursuites à l’encontre des auteurs présumés, conformément aux normes internationales.
Le rapport indique que l’intégration des Kaniyat dans l’ancien gouvernement d’entente nationale (GNA), puis dans l’armée nationale libyenne (LNA), a constitué un obstacle important à l’obligation de rendre des comptes et à la justice.
Le rapport détaille les meurtres, disparitions, violences sexuelles, enlèvements, tortures, mauvais traitements, déplacements forcés et autres violations flagrantes des droits de l’homme, ainsi que les graves violations du droit international humanitaire commises par les Kaniyat entre 2013 et 2022.
Il complète l’enquête de 2022 concernant les atrocités commises à Tarhouna, notamment la découverte de fosses communes contenant des centaines de restes humains, la plupart menottés, les yeux bandés et portant des traces de torture, et la possibilité qu’il y ait jusqu’à 100 autres sites de ce type.
La milice des Kaniyat, qui était fidèle au gouvernement de Fayez al-Sarraj, a décidé de s’allier en 2019 avec le maréchal Khalifa Haftar, qui avait pris Tarhouna comme base arrière pour ses opérations contre Tripoli. Quand Haftar a perdu cette ville, les Kaniyat ont fui vers Benghazi.
dpa