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Les atteintes aux droits des travailleurs restent « à des niveaux record », alertent les syndicats

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Les atteintes aux droits des travailleurs se sont maintenues « à des niveaux record » en 2022, s’alarme vendredi la Confédération syndicale internationale (CSI) dans un rapport qui épingle notamment la France pour sa réponse musclée aux manifestations contre la réforme des retraites.

Depuis le lancement de ce rapport annuel en 2014, « les atteintes aux droits des travailleurs n’ont fait qu’augmenter dans les différentes régions » du monde, déplore la principale organisation de syndicats de la planète. Entre avril 2022 et mars 2023, 87% des 149 pays étudiés ont empiété sur le droit de grève, 79% ont enfreint le droit à la négociation collective et 77% ont interdit aux travailleurs de fonder ou de rejoindre un syndicat, s’inquiète la CSI.

Des chiffres très similaires voire identiques à ceux déjà historiques de l’année dernière, d’où les « niveaux record » de violations dénoncés par les syndicats. En France, les manifestations du début d’année contre le report à 64 ans de l’âge de départ à la retraite « ont donné lieu à des brutalités policières, des arrestations aveugles et des attaques au gaz lacrymogène », accuse la CSI, selon qui la France commet des violations « répétées » des droits des travailleurs.

La Confédération se montre aussi préoccupée par la situation en Equateur et en Tunisie, deux pays qui font leur entrée dans la liste annuelle des « dix pires pays pour les travailleurs ». « En Equateur, de grandes manifestations en faveur de la démocratie et des droits collectifs (…) ont été réprimées dans la violence », justifie-t-elle.

« En Tunisie, le président Kais Saied sape les libertés civiles des travailleurs et ébranle des institutions démocratiques », comme le Parlement dissous en 2021, ou la nouvelle Constitution « adoptée en 2022 sans consultation des partis politiques ou des partenaires sociaux ».

A travers le monde, 19 syndicalistes ont été assassinés en 2022-2023, dont 15 en Colombie, contre 17 en tout l’année précédente. En plus des autorités publiques, la CSI nomme et dénonce comme chaque année une série de grandes entreprises (ou leurs branches locales) « qui ont violé les droits des travailleurs, sont liés à une violation de ces droits ou ne se sont pas servies de leur influence pour y remédier. »

En 2023 figurent notamment dans la liste Amazon (Etats-Unis), Apple (Australie), Deliveroo (Pays-Bas), Ikea (Pologne), Ryanair (Espagne), Starbucks (Etats-Unis) ou encore Uber (Pays-Bas). Dans un communiqué publié vendredi midi, la Confédération européenne des syndicats (CES) s’est indignée que 15 des entreprises ayant enfreint les droits des travailleurs aient bénéficié de « plus d’un milliard d’euros » de financements européens.

Ryanair aurait à elle seule reçu 962 millions, Amazon 29,5 millions et Ikea 28,7 millions. Les « patrons » coupables d’atteintes aux droits des travailleurs « sont scandaleusement récompensés par de lucratifs marchés publics », regrette la secrétaire générale de la CES Esther Lynch.

AFP

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