La famille de Paul Rusesabagina, le héros d' »Hôtel Rwanda » emprisonné, a annoncé samedi qu’elle poursuivait Kigali en justice aux États-Unis et réclamait une compensation de 400 millions de dollars pour son enlèvement et sa torture présumés.
M. Rusesabagina purge actuellement une peine de 25 ans de prison pour « terrorisme » après un procès qualifié par ses proches de « simulacre » truffé d’irrégularités. « La plainte avance que le gouvernement du Rwanda et des fonctionnaires rwandais de haut rang ont conspiré pour faciliter et exécuter un complot élaboré visant à attirer Paul Rusesabagina de son domicile au Texas vers le Rwanda, où il serait torturé et détenu illégalement pour le reste de sa vie », ont déclaré la famille et ses avocats dans un communiqué.
Une copie de la plainte consultée par l’AFP indique qu’elle a été déposée devant un tribunal de Washington le 22 février. Elle a été signifiée au gouvernement rwandais le 8 mars. La famille et les avocats de M. Rusesabagina, qui revendiquent un préjudice de 400 millions de dollars (380 millions d’euros), tiendront mercredi une conférence de presse à Washington.
La plainte cite expressément le gouvernement rwandais, le président Paul Kagame et d’autres personnalités, dont l’ancien ministre de la Justice et le chef des services de renseignement. Paul Rusesabagina a été rendu célèbre par le film « Hôtel Rwanda », sorti en 2004, qui raconte comment ce Hutu modéré qui dirigeait l’Hôtel Mille Collines de Kigali a sauvé plus de 1.000 personnes durant le génocide de 1994.
Opposant depuis plus de 20 ans à Paul Kagame, qu’il a accusé d’autoritarisme et d’alimenter un sentiment anti-Hutu, M. Rusesabagina a utilisé sa renommée hollywoodienne pour donner un écho mondial à ses positions. Il vivait depuis 1996 en exil aux Etats-Unis et en Belgique, avant d’être arrêté à Kigali en août 2020 dans des circonstances troubles, à la descente d’un avion qu’il pensait à destination du Burundi.
Sa famille a dénoncé un « enlèvement » organisé selon eux par les autorités rwandaises, affirmant qu’il avait été attiré par la promesse d’un travail au Burundi. « Au lieu de cela, il a été drogué et emmené au Rwanda où les agents de sécurité du président Paul Kagame l’ont enlevé par la force, l’ont torturé et l’ont emprisonné illégalement », assure-t-elle.
Le gouvernement rwandais a admis avoir « facilité le voyage » de M. Rusesabagina vers Kigali, mais affirmé que son arrestation était « légale » et que « ses droits n’ont jamais été violés ». Paul Rusesabagina a été condamné en septembre à 25 ans de prison pour « avoir fondé et appartenir » au Front de libération nationale (FLN), groupe armé accusé d’avoir mené des attaques meurtrières au Rwanda en 2018 et 2019. La Cour d’appel du Rwanda a confirmé début avril la peine de l’opposant de 67 ans, qui est malade.
AFP