L’ambassadeur d’Allemagne au Tchad déclaré persona non grata pour « attitude discourtoise » a quitté le pays samedi soir, a annoncé à l’AFP dimanche le ministre tchadien des Affaires étrangères Mahamat Saleh Annadif.
Vendredi, le gouvernement de Mahamat Idriss Déby Itno avait demandé au diplomate de quitter le pays sous 48 heures, pour « non-respect des usages diplomatiques ». « L’ambassadeur de l’Allemagne au Tchad Jan Christian Gordon Kricke a pris le vol Air France samedi soir », a déclaré à l’AFP M. Annadif.
Information confirmée à l’AFP par Aziz Mahamat Saleh, porte-parole du gouvernement. Les autorités n’ont pas précisé officiellement les motifs exacts de cette expulsion. Mais un responsable gouvernemental tchadien a affirmé anonymement à l’AFP que N’Djamena reprochait au diplomate de « trop s’immiscer » dans la « gouvernance du pays », ainsi que « des propos tendant à diviser les Tchadiens ».
Vendredi, un responsable du ministère allemand des Affaires étrangères avait jugé « absolument pas compréhensibles » les raisons de l’expulsion de son ambassadeur, en poste depuis juillet 2021.
Mahamat Idriss Déby Itno, 37 ans, alors jeune général, avait été proclamé président le 20 avril 2021, à la tête d’une junte de 15 généraux, à l’annonce de la mort du chef de l’Etat, son père Idriss Déby Itno, tué au front contre des rebelles après avoir dirigé d’une main de fer ce vaste pays sahélien 30 années durant.
Le nouvel homme fort de N’Djamena avait promis de rendre le pouvoir aux civils par des « élections libres et démocratiques » au bout de 18 mois. Mais, au terme de ce délai, il s’est maintenu au pouvoir pour deux années de plus, en assurant se conformer aux demandes d’un forum de « réconciliation nationale », lequel avait été boycotté par l’opposition et les principaux mouvements rebelles.
L’ambassade d’Allemagne s’était jointe à celles de France, d’Espagne et des Pays-Bas notamment, ainsi que de l’UE, pour dire sa « préoccupation » après la prolongation de la transition.
Les principaux responsables de l’opposition sont en exil ou se cachent depuis la répression sanglante d’une manifestation contre le pouvoir le 20 octobre 2022, qui a fait officiellement 73 morts, mais bien davantage selon des ONG, qui évoquent aussi des « disparitions forcées » et des « exécutions extrajudiciaires ».
AFP