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La ZMAO et la quête d’une convergence macroéconomique

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La 52e réunion du Conseil de convergence des ministres et gouverneurs des banques centrales de la Zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO), présidée par le Premier ministre guinéen Amadou Oury Bah, a réaffirmé l’ambition des six États membres de la sous-région d’avancer vers la création d’une monnaie unique. Toutefois, l’événement a mis en lumière les défis macroéconomiques persistants et les obstacles structurels qui freinent ce projet initié il y a trois décennies.

Une convergence macroéconomique toujours inatteinte

L’objectif principal de cette réunion était d’évaluer l’état de la convergence macroéconomique pour l’année 2023. Selon Nassardje Touré, commissaire aux affaires économiques de la CEDEAO, la sous-performance des économies de la région est en grande partie due à des facteurs internes et externes. Parmi ces obstacles, figurent l’endettement élevé des États, l’instabilité liée aux conflits armés, ainsi que la dépréciation continue des monnaies nationales. Ces contraintes internes se conjuguent avec des chocs externes, tels que la volatilité des prix des matières premières, exacerbant ainsi les déficits budgétaires et l’inflation. Ces conditions compliquent la mise en place des critères de convergence, indispensables pour la réussite de la monnaie unique.

Un contexte globalement défavorable

Le cadre dans lequel évoluent les économies ouest-africaines demeure marqué par une fragilité économique structurelle. Les gouvernements peinent à stabiliser leurs finances publiques, tandis que les populations subissent une érosion continue de leur pouvoir d’achat due à la flambée des prix des biens de première nécessité. La faiblesse des productions agricoles et industrielles accentue ce malaise. Ces défis, loin d’être nouveaux, sont aggravés par l’instabilité politique, les changements climatiques, et des systèmes de gouvernance peu réactifs face aux réformes économiques nécessaires.

Les performances des États membres en matière de critères de convergence qu’il s’agisse de la maîtrise de l’inflation, de la réduction des déficits budgétaires ou encore de la gestion de la dette sont restées mitigées, comme l’a rappelé Touré. Le constat de cette faiblesse est à l’origine de la création, lors du sommet de la CEDEAO à Bissau en juillet 2023, d’un comité de haut niveau chargé de proposer des mesures concrètes pour accélérer la réalisation du projet de l’Eco, la future monnaie commune.

L’urgence de la réforme pour répondre aux attentes des populations

Le Premier ministre guinéen Amadou Oury Bah, lors de son discours de clôture, a rappelé l’impatience des populations face à un projet qui n’a cessé d’être repoussé. Après 30 ans d’efforts, il devient impératif que les administrations concernées se dotent des moyens et des outils nécessaires pour atteindre les critères de convergence et concrétiser la création de la monnaie unique. En effet, l’adoption de l’Eco pourrait représenter un levier économique et politique majeur pour les pays de la ZMAO, facilitant les échanges commerciaux intra-régionaux, réduisant la dépendance vis-à-vis des devises étrangères, et renforçant l’intégration économique.

Cependant, le chemin vers cette réalisation reste parsemé d’embûches. La mise en place d’une monnaie commune requiert non seulement une stabilisation macroéconomique, mais aussi une harmonisation des politiques monétaires, budgétaires et fiscales des États membres. Cela implique un engagement sans faille des gouvernements à opérer des réformes structurelles et à faire face aux crises économiques globales et locales de manière coordonnée.

Vers un futur incertain

Alors que le projet de l’Eco incarne l’espoir d’une Afrique de l’Ouest plus unie et plus forte sur la scène internationale, les défis à relever sont nombreux et complexes. Les promesses de stabilité monétaire, de facilitation des échanges et d’une plus grande intégration économique se heurtent à des réalités économiques souvent imprévisibles et à des systèmes politiques encore instables. Le projet de monnaie unique, bien que nécessaire, ne pourra aboutir qu’à travers une convergence effective des économies, une gouvernance exemplaire et un renforcement des capacités institutionnelles dans chaque État membre.

En somme, bien que des progrès aient été réalisés, les attentes des populations, comme l’a souligné le Premier ministre Bah, ne pourront être satisfaites qu’avec une action collective, déterminée et soutenue des acteurs régionaux et internationaux. La ZMAO doit désormais montrer qu’elle est prête à passer de la théorie à la pratique, dans un environnement économique mondial de plus en plus incertain.

La rédaction

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