La Sierra Leone a fait du chimpanzé son nouvel emblème national, afin de développer l’écotourisme et de protéger cette espèce qui paie au prix fort l’action de l’homme dans ce pays d’Afrique de l’Ouest qui se relève de la guerre civile (1991-2002) et d’une épidémie d’Ebola (2014-2016).
Chassés par les braconniers pour leur viande ou tués par des agriculteurs en représailles des dégâts qu’ils causent dans les plantations, les « chimpanzés verus », du nom de leur sous-espèce, voient aussi leur habitat, la forêt tropicale des alentours de Freetown, en principe zone protégée, se réduire par une urbanisation croissante et l’exploitation du bois.
Le chimpanzé verus est désormais « l’animal national de la Sierra Leone », a déclaré jeudi soir le ministre de l’Agriculture, Joseph Ndanema, au cours d’une cérémonie en l’honneur de l’éminente primatologue britannique Jane Goodall.
« Nous avons 98% de gènes en commun avec les chimpanzés », a souligné la primatologue de 84 ans, messager de la paix des Nations unies. « Tout être humain doit protéger l’environnement pour préserver le futur », a rappelé celle qui a conseillé les autorités lors de la création dans les années 1990 du seul « sanctuaire » de protection des chimpanzés du pays, Tacugama, aux portes de la capitale Freetown.
Ce sanctuaire a secouru onze bébés chimpanzés au cours des 12 derniers mois et accueille 90 primates sauvés du braconnage et du rétrécissement de leur habitat naturel. « J’en appelle au gouvernement afin qu’il change les lois de ce pays concernant la biodiversité », a déclaré durant la cérémonie le directeur du sanctuaire, Bala Amarasekaran. Deux autres sanctuaires devraient être prochainement créés dans le pays, selon le gouvernement.
Dix-sept ans après la fin de la guerre civile, qui a fait quelque 120.000 morts, et après l’épidémie d’Ebola et une coulée de boue ayant fait un millier de victimes en 2017, la Sierra Leone mise sur l’écotourisme pour redevenir une destination de choix.
« La Sierra Leone a pour elle des plages magnifiques, une faune incroyable, une culture très riche et de nombreux sites historiques », a expliqué le ministre du tourisme, Memunatu Pratt. « Nous allons faire de la Sierra Leone une destination de premier plan pour le tourisme d’observation des singes », a-t-il poursuivi. Dans les prochaines semaines, les touristes devraient pouvoir obtenir leur visa à leur arrivée à l’aéroport, selon les autorités.
La population de chimpanzés verus, une sous-espèce de chimpanzés d’Afrique de l’Ouest, a chuté de 80% entre 1990 et 2014, confirme une étude de l’American Journal of Primatology. Il en resterait environ 5.500 en Sierra Leone, soit quelque 10% de ces cousins de l’homme encore en liberté, qui ont déjà disparu du Burkina Faso, du Bénin, de Gambie et peut-être du Togo, selon la même source.