Makoura Keita, la reine guinéenne du 100 m vient de fêter sa dixième médaille de championne nationale. Une décennie de règne qui aurait dû lui garantir le respect de la nation. Pourtant, c’est plutôt elle qui court encore derrière une reconnaissance. Même si elle a toujours su hisser son pays sur les podiums des compétitions sous-régionales.
Makoura est la jeune championne croupit dans l’anonymat avec sa collection de breloques en or, argent et bronzeA 25 ans, elle remporte sa dixième médaille et a la certitude d’avoir encore plein de médailles, ellee est la première Guinéenne à courir sous les 12 secondes le 100m. Aux derniers Jeux Africains de Rabat, elle a été éliminée en séries après avoir bouclé sa ligne droite en 12’’.
Makoura Kïta est une jeune athlète timide, loin des pistes de course. Mais elle est véloce et forte en compétition. Elle s’est forgé un caractère de battante au contact de ses coéquipiers. Son physique d’athlète, moulé dans sa tenue collante, ne semble impressionner aucun de ses coéquipiers. Et elle non plus, nullement attentive aux regards égarés sur elle. Elle semble bien se plaire dans ce petit monde de garçons.
Partie à Bamako en 2009, pour acquérir de l’expérience, elle rentre finalement avec trois médailles aux 100m, 200m et saut en longueur.
La légende guinéenne d’athlétismen a également participé aux Jeux africains. Et surtout aux Jeux Olympiques de RIO où elle termine 4e de sa série du 100 m. En Guinée, sa suprématie est encore plus affirmée, aucune concurrente sérieuse ne la menace. «De 2010 à 2015, j’étais championne. En 2015 j’ai été détrônée suite à mes blessures. Mais deouvre le monde. Allant représenterma Guinée partout et à toutes les occasions. Mais déjà, Makoura peut se féliciter d’avoir réussi à créer chez de nombreuses jeunes filles, l’envie de devenir athlète. «Il y a beaucoup d’autres filles qui cherchent à venir. Mais elles veulent plus un travail de maintien alors que Makoura s’entraîne pour le haut niveau. Il y a aussi des filles qui souhaitent rejoindre le groupe mais dès que c’est dur, elles disparaissent. Et c’est cela le problème», renseigne l’entraîneur Haba.
Cependant, la championne apprécie le fait de s’entraîner qu’avec des garçons, malgré les nombreux défis et contraintes auxquels elle est confrontée au quotidien. «C’est difficile quand même. Mais c’est un atout aussi pour moi. Parce que se frotter aux hommes m’a beaucoup aidée», déclare-t-elle.
Dans l’équipe, aucun traitement de faveur, Makoura pratique les mêmes séances que ses coéquipiers. Même nombre de pompes et mêmes exercices de foulée. Aucune distinction possible. Seul petit regret de la championne de Guinée, n’avoir aucune autre fille dans le groupe.
«J’aimerais avoir aussi des amies filles dans le groupe mais pour l’instant je suis seule. C’est sûr que s’il y avait des filles, nous aurions eu des discussions. Pour la légende vivante d’athlétisme, courir est sa seule raison de vivre. Et représenter la Guinée hors de ses frontières reste son objectif premier.»
Alphonse IFFONO