L’accusation a requis vendredi la réclusion criminelle à perpétuité contre l’ex-préfet rwandais Laurent Bucyibaruta, jugé à Paris pour génocide, estimant qu’il avait « failli à son devoir » de protéger les Tutsi de sa préfecture alors qu’il « avait des moyens d’agir ».
Cet ancien haut-fonctionnaire a été « un rouage incontournable sans lequel la machine meurtrière n’aurait pas pu être mise en oeuvre », ont estimé les représentantes du Parquet national antiterroriste (Pnat), réclamant sa condamnation non seulement comme complice mais aussi comme « auteur principal » du « crime des crimes ».
Laurent Bucyibaruta, préfet de Gikongoro entre 1992 et juillet 1994, est jugé depuis le 9 mai devant la cour d’assises de Paris pour génocide, complicité de génocide et complicité de crimes contre l’humanité, des accusations qu’il nie. Cette région du sud du Rwanda, où les Tutsi représentaient 17% de la population contre 12% au plan national, a été l’une des plus touchées par le génocide visant cette minorité, qui a fait au moins 800.000 victimes selon l’ONU.
Les deux avocates générales ont retenu sa « complicité par aide ou assistance » pour le massacre d’environ 25.000 réfugiés tutsi dans la paroisse de Kibeho le 14 avril 1994, où, « conscient de la situation, il a laissé faire ». Pour les tueries des 21 et 22 avril, dans une école en construction de Murambi, à Cyanika et à Kaduha, où quelque 75.000 personnes ont trouvé la mort, elles ont estimé qu’il fallait le considérer comme « auteur » de génocide.
« Il a en conscience exécuté les directives qui lui ont été données par le gouvernement intérimaire » et les a ensuite « répercutées à tous les maillons de la chaîne administrative », ont justifié les avocates générales.
« Cet homme n’a tué aucune personne » de ses mains « mais il a sur lui le sang de toutes les victimes tuées à Gikongoro », a résumé l’avocate générale Sophie Havard. Les avocats de la défense plaideront lundi, avant le verdict attendu mardi.
AFP