Un candidat à l’élection présidentielle de décembre en Gambie et ancien responsable de la commission vérité et réconciliation promet de poursuivre l’ancien dictateur gambien Yahya Jammeh s’il est élu président, dans une déclaration à l’AFP.
Essa Faal, candidat indépendant et ancien procureur à Banjul, était avocat de la Commission « Vérité, réconciliation et réparations » (TRRC) sur les crimes présumés durant les 22 ans de pouvoir de Yahya Jammeh. « Si je suis élu, je mettrai en oeuvre les recommandations de la TRRC. Si la TRRC recommande des poursuites contre Yahya Jammeh, il sera poursuivi », a déclaré Essa Faal à l’AFP mercredi soir, à Banjul. « Les crimes contre l’humanité doivent être poursuivis, peu importe qui les commet ».
Le président Barrow « est impliqué dans un partenariat et son partenaire lui demande de ne pas tenir compte des recommandations de la TRRC et le président garde le silence », a ajouté le quinquagénaire. Une alliance a été annoncée début septembre entre le parti de M. Barrow et celui de M. Jammeh en vue de la présidentielle à laquelle l’actuel chef de l’Etat compte se représenter.
Des organisations de défense des droits humains ont exprimé leurs inquiétudes concernant cette alliance, craignant qu’elle ne conduise M. Barrow à renoncer à poursuivre son prédécesseur. L’actuel président gambien Adama Barrow a mis en place la TRRC en 2019 pour enquêter sur les crimes présumés de son prédécesseur Yahya Jammeh.
Elle a entendu de janvier 2019 au 28 mai 2021 près de 400 témoins, victimes mais aussi d’anciens « Junglers » (« broussards »), les membres des escadrons de la mort du régime, venus raconter au cours d’auditions publiques parfois bouleversantes les multiples atrocités commises sous Jammeh.
La remise du rapport de la TRCC au président gambien Adama Barrow a été fin septembre reportée sine die, après un premier report en juillet. M. Barrow a fait savoir de longue date qu’il attendrait les recommandations de la TRRC pour éventuellement réclamer des poursuites contre son prédécesseur.
Parvenu au pouvoir par un putsch sans effusion de sang en 1994, Yahya Jammeh s’était fait largement élire et réélire sans interruption jusqu’à sa défaite en décembre 2016 face à Adama Barrow, candidat d’une coalition d’opposition.
Après six semaines d’une crise à rebondissements provoquée par son refus de céder le pouvoir, il a finalement dû quitter le pays pour la Guinée équatoriale à la suite d’une intervention militaire ouest-africaine et d’une ultime médiation guinéo-mauritanienne.
AFP