Le parti du président de la Gambie Adama Barrow a remporté une courte victoire aux législatives, qui devrait forcer le chef de l’Etat à tenter de forger une coalition pour gouverner, indiquent les résultats des élections publiés dimanche.
Le National People’s Party (Parti national du peuple, NPP) de M. Barrow s’est octroyé 19 sièges sur les 53 en jeu, quatre de plus que le principal parti d’opposition, United Democratic Party (Parti démocratique unifié, UDP), selon les résutats communiqués par la Commission électorale indépendante.
Le NPP renverse la majorité dont disposait l’UDP dans le Parlement sortant. Le président a de surcroît la prérogative de désigner cinq députés suplémentaires, dont le président de la chambre, qu’il devrait choisir dans les prochains jours au sein de son parti. Mais cela restera insuffisant pour s’appuyer sur une majorité absolue des 58 parlementaires.
M. Barrow, dont l’accession surprise à la présidence en janvier 2017 avait mis fin à plus de 20 années de dictature sous Yahya Jammeh, avait pourtant largement emporté un deuxième mandat en décembre 2021 en recueillant 53% des voix contre le candidat de l’UDP Ousainou Darboe. Celui-ci, crédité d’environ 27% des votes, avait dénoncé de multiples irrégularités, mais ses recours ont avorté, et la victoire de M. Barrow a été reconnue par les partenaires étrangers.
Cette présidentielle constituait la première transition ouverte depuis la dictature de Yahya Jammeh à la tête de l’ancienne colonie britannique. Les législatives étaient une occasion de consolider la transition démocratique. La présidentielle avait été caractérisée par une forte participation, contrairement à ces législatives. La Commission électorale n’a pas publié de chiffre national, mais tous les médias ont fait état d’une faible mobilisation. Les Indépendants arrivent troisièmes du scrutin, avec 11 sièges.
Le nouveau Parlement doit prêter serment jeudi. Le président Barrow, ancien promoteur immobilier de 57 ans, est confronté à des défis d’ampleur: hausse des prix, pénuries, réconciliation nationale, lutte contre la corruption. Il a promis avant la fin de son mandat une réforme de la Constitution réclamée par les partenaires internationaux de la Gambie, avec une limitation du nombre de mandats présidentiels.
Il est appelé à se prononcer dans les prochaines semaines sur les recommandations d’une commission chargée d’enquêter sur les crimes commis par l’Etat et ses agents sous la dictature de Yahya Jammeh. La commission lui a remis en novembre un rapport préconisant que les responsables soient jugés.
Plus petit Etat d’Afrique continentale, la Gambie, pays anglophone de deux millions d’habitants, est une étroite bande de terre enclavée dans le territoire sénégalais. Elle fait partie des 20 pays les moins développés au monde, selon l’ONU.
AFP