L’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine était entendu jeudi à Beyrouth par des magistrats français ayant fait le déplacement, dans le cadre de l’affaire du supposé financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, a indiqué une source judiciaire.
M. Takieddine, qui a multiplié les revirements depuis le début de cette affaire en 2012, avait mis en cause l’ancien chef de l’Etat français avant de faire volte-face en novembre. Egalement visé par un mandat d’arrêt émis par la justice française pour une autre affaire, M. Takieddine vit au Liban depuis cet été.
Depuis plusieurs heures jeudi matin à Beyrouth, il était entendu par deux juges d’instruction et un procureur financier français, a indiqué à l’AFP une source judiciaire libanaise. L’audition, dans une salle de la Cour de cassation, se déroulait en présence d’un avocat de M. Takieddine et d’un procureur libanais qui supervisait la séance, a précisé cette source.
« Ca a commencé ce matin. Ca se passe bien », a confirmé à l’AFP l’avocate française de M. Takieddine, Me Elise Arfi, qui n’a pas pu se rendre à Beyrouth. A la suite de sa volte-face dédouanant M. Sarkozy, le 11 novembre dans Paris Match et sur BFM TV, M. Takieddine avait été convoqué pour une audition le 25 novembre à Paris devant les juges d’instruction, mais il ne s’était pas présenté.
En décembre, il avait accusé différents magistrats instructeurs de l’avoir incité à mettre en cause l’ancien président français, des déclarations qualifiées d' »affabulations » par les juges.
M. Sarkozy et l’ancien ministre Claude Guéant, déjà poursuivis depuis plusieurs années dans cette affaire, ainsi qu’un autre ancien ministre, Brice Hortefeux, ont été récemment mis en examen pour une nouvelle qualification pénale, « association de malfaiteurs ».
L’enquête a été ouverte après la publication par Mediapart en 2012, dans l’entre-deux tours de la présidentielle, d’un document censé prouver que la campagne de M. Sarkozy avait été financée par le régime de Mouammar Kadhafi.
M. Takieddine, 70 ans, s’est enfui à Beyrouth après avoir été condamné en juin en France à cinq ans de prison dans le cadre de l’affaire Karachi sur des commissions occultes liées à des contrats d’armement avec Ryad et le Pakistan, dont une partie a contribué à financer la campagne présidentielle malheureuse d’Edouard Balladur en 1995.
AFP