Le TPLF, autrefois parti dominant de la coalition dirigeant l’Ethiopie et désormais marginalisé, a remporté tous les sièges en jeu lors d’un scrutin régional dans son fief du Tigré, considéré comme illégal par le pouvoir central, a annoncé vendredi le responsable électoral.
La participation au scrutin organisé mercredi s’est officiellement élevée à « 97 ou 98% » des 2,6 millions d’inscrits, a indiqué à l’AFP le commissaire électoral régional Muluwork Kidanemariam.
« La totalité des sièges, pour toutes les circonscriptions régionales, ont été gagnés par le TPLF », le Front de libération des Peuples du Tigré, a-t-il ajouté.
Le Parlement régional du Tigré est composé de 190 sièges – dont 152 étaient en jeu dans ce scrutin. Les 38 sièges restants seront attribués après négociations entre les cinq partis politiques en lice, offrant à l’opposition un espoir d’y être représentée, a expliqué le commissaire électoral.
Cette élection a miné encore un peu plus la relation déjà tendue entre le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed et le Tigré, région du Nord qui a dominé la politique éthiopienne pendant près de 30 ans.
Le TPLF a mené la lutte armée contre le régime communiste jusqu’à sa chute en 1991, et a ensuite dominé la coalition au pouvoir jusqu’à ce que des manifestations antigouvernementales débouchent sur l’arrivée de M. Abiy en 2018.
Le parti est officiellement passé dans l’opposition en 2019, lorsqu’il a refusé la fusion, à l’initiative de M. Abiy, de cette coalition en une unique formation, le Parti de la prospérité.Mais le TPLF reste fermement aux commandes au Tigré, qui représente environ 6% de la population éthiopienne, forte de 110 millions d’habitants.
L’Ethiopie devait tenir des élections au niveau national en aot. Mais en mars, la Commission électorale les a repoussées sine die en raison de la situation sanitaire liée au Covid-19.
La prolongation par le Parlement fédéral du mandat des députés – nationaux et régionaux -, censé expirer en octobre, a été rejetée par les leaders tigréens qui ont ont décidé de tenir unilatéralement des élections au Tigré.
A la veille du scrutin, M. Abiy, prix Nobel de la Paix 2019, avait réaffirmé que le scrutin au Tigré n’aurait aucune légitimité et promis aux futurs élus un sommeil troublé.Dès jeudi, avant la proclamation des résultats, les leaders de l’opposition au Tigré avaient dit s’attendre à très large victoire du TPLF.
Vendredi, Hayalu Godefay, président du parti d’opposition Salsay Woyane Tigray, a évoqué de possibles « fraudes » mais a indiqué continuer à rassembler des informations sur le déroulement du vote.
AFP