Mustapha Berraf, ex-président du Comité olympique algérien (COA) et actuel président de l’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique (ACNOA), revient dans cet entretien sur l’élimination des Verts du Mondial.
L’Algérie a été éliminée du Mondial 2022 par le Cameroun. La défaite a été amère. L’arbitrage a été très critiqué et la FAF a déposé un recours à la FIFA. Comment avez-vous vécu cette élimination ?
Cette défaite a été une épreuve très douloureuse pour tous les Algériens et je crois sincèrement que certains soupçons sur les erreurs d’arbitrage commises durant cette rencontre doivent être étayés de preuves.
J’ai eu beaucoup de peine mais je crois que nous devons resserrer nos rangs et surtout tirer les leçons de cette malheureuse expérience.
Un match de football ou toute épreuve sportive ne doivent jamais constituer une pomme de discorde entre deux pays amis qui sont très liés par leurs histoires et leurs passés révolutionnaires comme l’Algérie et le Cameroun.
Le sélectionneur national Djamel Belmadi n’a pas encore tranché quant à son avenir à la tête des Verts. Êtes-vous pour son maintien ?
Djamel Belmadi est un homme d’une grande probité morale et intellectuelle et qui dispose de grands potentiels. Faisons lui confiance et laissons-le avec ces magnifiques joueurs trouver le chemin du redressement comme ils l’ont fait beaucoup avant nous. Les critiques et les invectives ne reconstruisent pas une belle équipe d’Algérie. Seul le travail paiera.
Après l’élimination de l’équipe nationale, certains ont pointé l’absence ou la faible représentation de l’Algérie dans les instances du sport africain. En votre qualité et dans votre position qu’avez-vous fait pour remédier à cette situation ?
Je fais ce qu’il faut pour mon pays mais sans tambour ni trompette. Je souhaite la réussite à toutes les équipes africaines et je suis sûr que la nôtre reviendra encore plus forte.
Le sport reste le plus sûr moyen d’unir et d’éduquer les jeunes, il développe l’harmonie et la fraternité à travers toutes les nations africaines de manière toujours grandissante.
Dans le sport, il existe des victoires et des défaites. Laissons les organes compétents prendre leurs décisions en toute souveraineté et faisons tout pour que le fairplay et l’amitié demeurent entre les jeunes de nos grands pays.
Après l’élimination de l’équipe nationale, des voix se sont élevées pour demander une réforme profonde du football professionnel. Que faudrait-il faire selon vous ?
Le football et le sport en général nécessitent effectivement une profonde refonte mais je vais me permettre de vous rappeler qu’une large réflexion a déjà été engagée par la Fédération algérienne de football et le ministère de la Jeunesse et des Sports qui n’a jamais été suivie d’effets sur le terrain. Pourtant l’État a mis tous les moyens à disposition mais sans résultats.
Il faut d’abord s’enquérir de ce qui se passe chez les clubs, les Ligues et les Fédérations, leur assurer des formations régulièrement et des perfectionnements à la mesure de ce qui se passe ailleurs dans les pays développés.
Cela suppose que les visions d’en haut doivent s’inspirer des expériences et du vécu d’en bas. Il faut également mettre en place des lignes directrices et des plans d’action qui incluent prioritairement les jeunes catégories et la détection des jeunes talents : enfin toute une panoplie de programmes. Les potentiels existent. L’Algérie regorge de grands potentiels humains !
L’Algérie organise pour la seconde fois les Jeux Méditerranéens à Oran mais il semble qu’il y ait quelques couacs ?
Ne vous méprenez pas sur cette question car jamais un pays n’a mis autant de moyens infrastructurels, matériels, financiers et humains pour l’organisation de ces jeux.
L’Algérie a offert un beau cadeau à la jeunesse méditerranéenne et la ville d’Oran en particulier. Il a été déployé des efforts exceptionnels que tous doivent reconnaître.
Je crois que ce sera la première fois depuis les Jeux d’Alger où la région méditerranéenne trouvera des conditions aussi excellentes pour les JM d’Oran.
Je pense quand même connaître un peu de quoi je parle car ma première participation aux Jeux Méditerranéens remonte à 1975 en tant qu’athlète.
La guerre en Ukraine a montré une discrimination flagrante des instances du sport mondial concernant les sanctions infligées à la Russie alors que d’autres pays impliqués dans d’autres conflits ne sont pas inquiétés. La situation risque-t-elle de changer ?
Cette question d’une gravité exceptionnelle nécessite effectivement un parallélisme des mesures entreprises sans aucun discernement. Le sport est un vecteur de paix et de solidarité.
TSA