Les Algériens ont retrouvé samedi les plaisirs de la plage et du café, et les fidèles leurs mosquées, après cinq mois de confinement à cause du nouveau coronavirus.
« L’atmosphère à la maison devenait insupportable avec les enfants qui s’ennuyaient, j’en pouvais plus », a raconté à l’AFP Soraya, sortie samedi matin très tôt avec sa voisine Fatima et les enfants pour passer la journée à la plage.
Parasol sous le bras, Fatima a préparé les sandwichs pour tout le monde. »J’ai tout fait chez moi pour pouvoir passer la journée au bord de l’eau ».
Surexcité à l’idée de pouvoir aller enfin se baigner, l’un des enfants tire sur la main de sa maman pour écourter la conversation.
Certains avaient devancé ces derniers jours la réouverture officielle pour aller à la plage.
Soraya avoue avoir eu envie de braver l’interdit mais la peur d’être verbalisée a freiné ses ardeurs.D’ailleurs tous portent le masque, obligatoire.Les contrevenants encourent de lourdes amendes.
Les services de sécurité sont chargés de veiller au respect du port du masque, obligatoire en public depuis le 24 mai, et des consignes de distanciation entre les baigneurs.
En short et chaussures de sport les policiers arpentent les plages à pied ou en quad.La police montée sillonnera également les plages cet été.
L’accès aux plages est une « très bonne nouvelle pour une population qui suffoque et qui risque de perdre son équilibre psychologique », plaident les initiateurs d’une pétition sur les réseaux sociaux qui réclame la réouverture de deux grandes plages de la capitale, le Club des Pins et Moretti, réservées, jusqu’à peu, à la nomenklatura locale.
– Mosquées sans femmes –
Par ailleurs, les plus grandes mosquées d’Algérie accueillent à nouveau les fidèles.Toutefois, la grande prière du vendredi demeurera interdite tant que la situation sanitaire ne sera pas totalement maitrisée.
La réouverture des lieux de culte sera limitée, dans une première phase, aux seules mosquées pouvant accueillir plus de 1.000 croyants.Ces derniers sont tenus de porter le masque.
Des opérations de nettoyage et de désinfection des lieux de culte ont eu lieu cette semaine avec la participation de nombreux bénévoles.Dans certaines mosquées les tapis ont été enlevées, dans d’autres ils ont été recouverts de plastique.
Chaque fidèle doit emporter avec lui son tapis de prière, sinon on lui donne un tapis jetable.
En revanche, les femmes, les enfants de moins de 15 ans et les personnes vulnérables ne sont pas autorisés, pour le moment, à aller prier.
Certaines pratiquantes, rencontrées dans le quartier populaire de Bab El Oued à Alger, ne comprennent pas cette « discrimination à la prière ».
Les mosquées – à l’instar des parcs, des établissements scolaires et universitaires, des stades et des salles des fêtes – étaient totalement fermées depuis le 19 mars.Les piscines, hammams et salles des fêtes le resteront.
– « Situation exceptionnelle » –
Les cafés et les restaurants rouvrent aussi ce samedi, du moins pour ceux qui n’ont pas mis la clef sous la porte après des mois de fermeture.
Mais le gouvernement a averti que ces mesures pourraient être remises en question en cas d’aggravation de la situation sanitaire.
Malgré la joie des Algériens, le sociologue Zoubir Arous met en garde contre une nouvelle vague de Covid-19 liée à une réouverture « précipitée » décidée « dans des bureaux ».
« Je comprends que ceux qui vivent à 20 dans un deux pièces n’en peuvent plus, mais nous sommes face à une situation exceptionnelle », explique-t-il.
Le gouvernement a reconduit jusqu’au 31 août le confinement partiel à domicile dans 29 des 48 wilayas (préfectures) du pays.Un couvre-feu y reste en vigueur de 23h00 à 06H00 locales (22H00-05H00 GMT).Le confinement a été levé dans les 19 autres wilayas.
Au total, près de 37.700 cas de Covid-19 ont été officiellement déclarés sur le sol algérien depuis l’enregistrement du premier cas le 25 février, selon le dernier bilan du ministère de la Santé.
Plus de 1.350 décès ont été recensés, ce qui fait de l’Algérie le troisième pays le plus touché en Afrique derrière l’Egypte et l’Afrique du Sud.
AFP