Le Cameroun a mis à disposition lundi le vaccin antipaludique RTS,S dans ses services nationaux de vaccination de routine, devenant ainsi le premier pays à le faire en dehors du programme pilote de vaccination antipaludique qui a été mené au Ghana, au Kenya et au Malawi.
Cette introduction intervient alors que les efforts s’accélèrent pour intensifier la vaccination contre la maladie dans les zones à haut risque en Afrique, continent qui compte 94 % des cas de paludisme dans le monde et 95% des décès liés à cette maladie.
« Le vaccin ciblera spécifiquement tous les enfants âgés de six mois au 31 décembre 2023 », a déclaré le Dr Shalom Ndoula, Secrétaire permanent du Programme élargi de vaccination au Cameroun.
Le vaccin est désormais déployé au sein des établissements de santé publics et privés, dans 42 districts sanitaires des 10 régions du pays. Ce lancement fait suite à la livraison de 331.200 doses de vaccin au Cameroun, en novembre 2023. D’autres doses sont attendues dans les semaines à venir.
Un outil supplémentaire
Selon Dr Ndoula, le vaccin est un outil supplémentaire pour la lutte contre le paludisme, qui a été choisi par le pays « sur la base de sa préqualification, assurant une garantie de qualité, d’efficacité et de sécurité pour l’inclusion dans le programme de vaccination ».
Pour préparer le lancement, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et d’autres partenaires, dont Gavi (l’Alliance du vaccin), l’UNICEF, le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies et l’Initiative Clinton pour l’accès à la santé, ont aidé les autorités sanitaires nationales à renforcer les principales mesures d’introduction des vaccins.
Pour que l’introduction d’un vaccin soit efficace, il est essentiel que les pays mettent en place des préparatifs complets comprenant l’adoption d’une politique et de lignes directrices nationales en matière de vaccination, l’intégration du nouveau vaccin dans le calendrier de distribution des autres vaccins et interventions sanitaires, l’élaboration d’un plan de déploiement opérationnel, la formation du personnel de santé, l’investissement dans les infrastructures, les capacités techniques, le stockage des vaccins, l’engagement communautaire et la création d’une demande, ainsi que la supervision formative, le suivi et l’évaluation du processus afin de garantir la qualité de la distribution des vaccins.
Une étape importante
« Le lancement du vaccin contre le paludisme marque une étape importante dans la prévention et la lutte contre la maladie, notamment en protégeant les enfants contre les maladies graves et la mort », a déclaré le Représentant de l’OMS au Cameroun, Dr Phanuel Habimana.
« Nous nous engageons à soutenir les autorités sanitaires nationales pour assurer un déploiement efficace du vaccin antipaludique ainsi que l’intensification des autres mesures de lutte contre le paludisme », a-t-il fait valoir.
Le Cameroun fait partie des 11 pays les plus touchés par la maladie dans le monde. Le pays a enregistré plus de 3 millions de cas et plus de 3.800 décès en 2021. La lutte contre le paludisme figure comme l’une des priorités de son plan national de développement sanitaire. Les efforts de contrôle et de prévention du paludisme au fil des ans qu’il a menés avec le soutien des partenaires ont permis de réduire progressivement le fardeau de la maladie dans le pays.
Plus de 2 millions d’enfants vaccinés
« J’ai choisi de vacciner mes jumeaux parce que j’ai vu à quel point le paludisme peut être nocif », a déclaré Hélène, une Camerounaise dont les jumeaux ont été les premiers à recevoir le vaccin contre le paludisme, ajoutant : « Je m’engage à faire en sorte que mes enfants reçoivent les quatre doses du vaccin et je prendrai d’autres mesures, par exemple en m’assurant qu’ils dorment sous des moustiquaires ».
Depuis 2019, le Ghana, le Kenya et le Malawi administrent le vaccin RTS,S selon un calendrier de quatre doses aux enfants à partir de l’âge d’environ 5 mois, dans des districts sélectionnés dans le cadre du programme pilote, connu sous le nom de Programme de mise en œuvre du vaccin antipaludique (MVIP).
Plus de 2 millions d’enfants ont été vaccinés contre le paludisme dans les trois pays africains dans le cadre du MVIP, avec plus de 8 millions de doses administrées, entraînant une baisse remarquable de 13% de la mortalité toutes causes confondues chez les enfants en âge de recevoir le vaccin, ainsi qu’une réduction substantielle des maladies paludéennes graves et des hospitalisations.
Neuf pays africains s’apprêtent à lancer le vaccin antipaludique cette année. Outre le Cameroun, le Bénin, le Burkina Faso et le Liberia ont reçu le vaccin et sont en train de finaliser leurs plans de déploiement.
L’OMS, Gavi, l’UNICEF et d’autres partenaires travaillent en étroite collaboration avec les pays africains qui introduisent le vaccin antipaludique afin d’en assurer la livraison et la réussite.
Le fardeau du paludisme est le plus lourd sur le continent africain. En 2022, 249 millions de cas de paludisme ont été recensés dans le monde, entraînant 608.000 décès, dont 77% concernaient des enfants de moins de 5 ans, principalement en Afrique.