Des centaines de manifestants ont exigé brièvement vendredi une nouvelle Constitution en Centrafrique, ont constaté des journalistes de l’AFP, alors que l’opposition dénonce un projet de loi visant à permettre au président Faustin Archange Touadéra de briguer un troisième mandat.
Le rassemblement, de 300 à 400 personnes en majorité en tee-shirts rouge ou blanc, les couleurs du Front républicain, organisateur de la manifestation et proche du pouvoir, a duré à peine une heure devant le Monument des Martyrs au centre de Bangui.
Les manifestants ont chanté l’hymne national, lancé des slogans et brandi des banderoles en faveur d’un « référendum pour une nouvelle Constitution », puis se sont rapidement dispersés dans le calme.
« Nous sommes là pour passer un seul message: demander un référendum constitutionnel, nous voulons juste une Constitution qui reflète la réalité centrafricaine », a simplement martelé Héritier Doneng, qui dirige le Front républicain.
Pressé par l’AFP sur la question d’un troisième mandat, ce proche de M. Touadéra, a refusé de l’évoquer. Or, une proposition de réforme constitutionnelle déposée à l’Assemblée nationale fin mai par un groupe de députés de la majorité – même s’il n’a pas été rendu public – fait sauter le verrou du plafond de deux mandats, selon l’opposition, et ses promoteurs pressent M. Touadéra de la faire adopter par référendum.
Une révision de la Constitution par l’Assemblée doit, elle, recueillir une majorité qualifiée des deux tiers des députés. M. Touadéra avait été réélu fin décembre 2020 avec 53,16% des suffrages mais dans un scrutin très controversé, moins d’un électeur sur trois ayant eu la possibilité d’aller voter en raison de l’insécurité dans un pays en proie à une guerre civile très meurtrière depuis 2013.
Au moment du scrutin, des groupes armés qui contrôlaient alors deux tiers du pays avaient lancé une offensive pour le renverser mais le chef de l’Etat a appelé Moscou à la rescousse et des centaines de paramilitaires russes ont débarqué en renfort de centaines d’autres présents depuis 2018 et aidé l’armée à repousser les rebelles.
Le Mouvement Coeurs Unis (MCU) de M. Touadéra avait tenté en mars, lors d’un « dialogue républicain » excluant la rébellion et boycotté par l’essentiel de l’opposition, d’introduire un amendement permettant au président de briguer un nouveau mandat en 2025, avant de renoncer face au tollé dans la société civile et à la réprobation de la communauté internationale.
« Je suis là parce qu’on nous a demandé de manifester pour demander un référendum constitutionnel qui va permettre aux jeunes chômeurs comme moi d’avoir du travail », expliquait vendredi à l’AFP Sabin Moko-Moke, un manifestant.
AFP