Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a appelé, mardi, à un dialogue inclusif au Cameroun, trois jours après l’attaque meurtrière d’une école, à Kumba, dans la région anglophone du Sud-Ouest.
« Nous soulignons la nécessité urgente d’un dialogue ouvert à tous afin de trouver une solution durable à cette crise », a déclaré la porte-parole du HCDH, Ravina Shamdasani, lors d’une conférence de presse à Genève.
Les services de la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, ont fermement condamné l’attaque meurtrière « ignoble et impitoyable » perpétrée samedi par des hommes armés de fusils et de machettes contre l’Académie internationale bilingue Mère Francisca à Kumba.
Selon le HCDH, au moins six enfants âgés entre neuf et douze ans ont été tués dans cette attaque. 13 autres enfants ont été blessés dans cet assault dont sept seraient dans un état critique.
Pour le Haut-Commissariat, le meurtre et la mutilation d’enfants ainsi que les attaques contre des établissements scolaires constituent de graves violations du droit international. « Les auteurs doivent rendre des comptes dans le respect des normes internationales en matière de droits de l’homme », a insisté Mme Shamdasani, qui a rappelé aux autorités camerounaises leur obligation de protéger l’accès à l’éducation.
Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, s’était également dit profondément choqué par l’attaque à Kumba. « Une fois de plus, cette attaque est un rappel inquiétant du lourd tribut payé par les civils, y compris les enfants, dont plusieurs ont été privés de leur droit à l’éducation », avait déclaré le porte-parole du chef de l’ONU dans un communiqué publié dimanche.
De graves abus commis par des groupes séparatistes et des forces de sécurité
Les services de Mme Bachelet estiment que la population camerounaise continue de payer un lourd tribut à la crise actuelle dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun.
« De graves violations des droits de l’homme et des abus continuent d’être signalés, impliquant à la fois les forces de sécurité et de défense ainsi que les groupes séparatistes armés dans le contexte de la pandémie de Covid-19 », a déploré Mme Shamdasani.
Mais en raison « des difficultés d’accès aux zones touchées », il est très difficile pour le HCDH de vérifier les rapports, notamment ceux faisant état d’exécutions extrajudiciaires, de torture, de violences sexuelles et sexistes et d’enlèvements.
Le Haut-Commissariat a une nouvelle fois exhorté les autorités camerounaises à garantir des enquêtes et des poursuites judiciaires indépendantes et impartiales sur toutes les violations et tous les abus graves, y compris les actes de violence sexiste, commis par des acteurs étatiques et non étatiques. Pour l’ONU, il s’agit aussi d’assurer le droit à un recours pour les victimes, notamment en leur garantissant l’accès à la justice et à des réparations.