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Burkina : nouveau report du procès Sankara à la demande de la défense

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Le procès des assassins présumés de l’ex-président du Burkina Faso, Thomas Sankara, lors d’un coup d’Etat en 1987, a de nouveau été reporté jeudi à la demande de la défense qui s’interroge sur la constitutionnalité du chef d’accusation d' »attentat à la sûreté de l’Etat », après le dernier putsch du 24 janvier.

Le procès avait déjà été suspendu le 8 février pour trois semaines, toujours à la demande des avocats de la défense, afin de mieux organiser leurs plaidoiries. A sa reprise jeudi devant le tribunal militaire de Ouagadougou, ils ont cette fois demandé au Conseil constitutionnel de se prononcer sur le chef d’accusation de « complicité d’attentat à la sûreté » ou d' »attentat à la sûreté de l’Etat » contre plusieurs des prévenus.

Ils ont fait valoir que ces chefs d’accusation semblaient désormais « inconstitutionnels » après la prestation de serment le 16 février devant le Conseil constitutionnel du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba qui, le 24 janvier, a renversé par les armes le président élu Roch Marc Christian Kaboré.

En adoubant M. Damiba en tant que nouveau « président et chef de l’Etat », le Conseil constitutionnel a validé son putsch qui peut être assimilé à « un attentat à la sûreté de l’Etat », selon les avocats. « On poursuit des gens pour attentat à la sûreté de l’Etat, mais l’histoire du pays nous montre qu’il y a une forme de légalisation de ces actes d’attentat à la sûreté de l’Etat » que sont aussi les putschs, a affirmé l’un des avocats de la défense, Olivier Somé.

Cet argument a été jugé suffisamment fort pour que le président du tribunal ordonne la suspension du procès jusqu’à la décision du Conseil constitutionnel. Avocat de la partie civile, Prosper Farama, a jugé « légitime » la requête de ses confrères de la défense.

Si le Conseil constitutionnel y accède, « cela voudrait dire que toutes les personnes poursuivies pour attentat à la sûreté de l’Etat dans le procès de l’assassinat de Thomas Sankara, ne pourraient pas être condamnées car elles auraient agi de façon légale en organisant un putsch pour accéder au pouvoir », a-t-il remarqué.

Quatorze accusés sont jugés, dont deux grands absents, l’ancien président Blaise Compaoré qui avait accédé au pouvoir lors du putsch de 1987 avant d’en être chassé par la rue en 2014, et Hyacinthe Kafando, commandant de sa garde lors du putsch.

Le parquet militaire a requis début février trente ans de prison ferme à leur encontre pour « attentat à la sûreté de l’Etat », « recel de cadavre » et « complicité d’assassinat ». Vingt ans de prison ont été requis contre le général Gilbert Diendéré, un des chefs de l’armée lors du putsch de 1987 et principal accusé présent. Il purge déjà une peine de 20 ans, pour une tentative de coup d’Etat en 2015.

AFP

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