Le procès des auteurs présumés de l’assassinat de Thomas Sankara, ex-président et « père de la révolution burkinabè » s’est ouvert lundi devant le tribunal militaire de Ouagadougou, près de 34 ans après les faits, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Le procès a débuté à 09H10 (GMT et locales) en présence de douze des quatorze accusés, mais sans Blaise Compaoré qui avait pris le pouvoir le 15 octobre 1987 après l’assassinat de M. Sankara dans un coup d’Etat. Principal accusé, M. Compaoré, 70 ans, vit depuis qu’il a été renversé par une insurrection populaire en 2014 en Côte d’Ivoire, pays dont il a obtenu la nationalité.
Ses avocats ont dénoncé « un procès politique » devant « une juridiction d’exception ». « C’est un jour de vérité pour moi, ma famille et tous les Burkinabè », a déclaré la veuve de Thomas Sankara, Mariam, présente à l’ouverture du procès. Parmi les accusés, le général Gilbert Diendéré, 61 ans, un des principaux chefs de l’armée lors du putsch, est apparu en tenue militaire, manifestement serein et décontracté.
Devenu ensuite chef d’état-major particulier du président Compaoré, le général Diendéré purge déjà au Burkina une peine de 20 ans de prison pour une tentative de coup d’Etat en 2015. Comme Blaise Compaoré, il est accusé de « complicité d’assassinats », « recel de cadavres » et « d’attentat à la sûreté de l’Etat ». Des soldats de l’ancienne garde présidentielle de Compaoré, notamment l’ancien adjudant-chef Hyacinthe Kafando, soupçonné d’avoir été le chef du commando et qui est actuellement en fuite, figurent également parmi les accusés.
Arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 1983, Thomas Sankara a été tué avec douze de ses compagnons par un commando lors d’une réunion au siège du Conseil national de la révolution (CNR) à Ouagadougou. Il avait 37 ans.
Longtemps tabou lorsque Blaise Compaoré était au pouvoir (1987-2014), l’affaire a été relancée en 2015 par le régime de transition démocratique et un mandat d’arrêt émis contre M. Compaoré par la justice burkinabè en mars 2016. Bras droit de Sankara, Blaise Compaoré a toujours nié avoir commandité l’assassinat de son frère d’armes et ami intime, bien que le putsch de 1987 l’ait porté au pouvoir.
AFP