Accusé d’être « au coeur d’un trafic à la croisée d’intérêts terroristes », le président du patronat burkinabé Apollinaire Compaoré, s’est défendu mardi de ces « allégations mensongères et malveillantes ».
M. Compaoré – sans lien familial avec l’ex-président burkinabè Blaise Compaoré – a été mis en cause mi-mars par le journal d’investigation L’Événement, selon lequel « les milliards de cigarettes que Apollinaire Compaoré achemine à travers le Burkina Faso financent les groupes armés et alimentent un conflit en ébullition qui tue des centaines de personnes chaque année ».
Selon cette enquête intitulée « Apollinaire Compaoré au coeur d’un trafic à la croisée d’intérêts terroristes », l’homme d’affaires burkinabé présenté comme un des hommes les « plus riches du Burkina Faso, a gagné des millions grâce à la contrebande des cigarettes Philip Morris à travers l’Afrique de l’Ouest ».
« Ces allégations et accusations malveillantes sont aussi graves qu’infondées et inacceptables », a déclaré à la presse Apollinaire Compaoré, âgé de 67 ans.
Il a affirmé que ses « sociétés n’ont jamais exercé et n’exerceront jamais des activités de contrebande, de même qu’elles n’ont jamais travaillé et ne travailleront jamais, directement ou indirectement, avec des groupes armés ou terroristes, et n’ont jamais financé une activité illicite ».
Un autre article d’un réseau international de journalistes et de centres d’investigation, publié par l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), révèle que « le marché burkinabé est volontairement sur-approvisionné par l’industrie du tabac », précisant que « les deux-tiers sont en réalité destinés à la contrebande, qui servira à alimenter les groupes terroristes ».
Les deux articles pointent la société burkinabé d’exportation (Soburex), propriété d’ Apollinaire Compaoré, et détentrice d’un entrepôt à Markoye, dans le nord du Burkina Faso, qui approvisionne les trafiquants de cigarettes.
Reconnaissant avoir détenu « en toute légalité » un entrepôt de cigarettes dans la ville de Markoye, M. Compaoré a affirmé que celui-ci est fermé depuis 2018, en raison des attaques jihadistes ciblant le Burkina Faso depuis 2015.
Ces accusations ont suscité un tollé dans le milieu des affaires, beaucoup de patrons restant toutefois dubitatifs en l’absence de « preuves incriminant » le président du patronat.
Élu à la tête du Conseil national du patronat burkinabé (CNPB) en octobre 2018, M. Compaoré, qui évolue dans le milieu des affaires depuis 1968, dirige le groupe Planor Afrique, un conglomérat (télécommunications, assurances, banques) au chiffre d’affaire cumulées de 268 millions d’euros en 2019 et qui emploie plus de 2000 personnes.
AFP