Ces violations pourraient être constitutives de crimes de guerre, ont souligné les membres de la Commission dans un rapport rendu public à Genève et à Nairobi.
Selon ce rapport, « la situation s’est nettement aggravé » au Soudan du Sud. Les violences sexuelles, loin d’être en recul, ont augmenté. Des cas documentés dont a pris connaissance la Commission, confirment une forte augmentation des viols entre novembre et décembre 2018, tout particulièrement dans l’Etat du Liech du Nord, dans le nord du pays.
« Il existe une tendance confirmée selon laquelle les combattants attaquent des villages, pillent des maisons, prennent des femmes comme esclaves sexuelles, puis mettent le feu à leurs maisons souvent avec des gens à l’intérieur », a déclaré la Présidente de la Commission, Yasmin Sooka, dans un communiqué publié par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH).
« Les viols, les viols collectifs, les mutilations sexuelles, les enlèvements et l’esclavage sexuel, ainsi que les meurtres, sont devenus monnaie courante au Soudan du Sud. Il ne fait aucun doute que ces crimes sont persistants car l’impunité est tellement enracinée que tout type de norme est enfreint », a-t-elle ajouté.
Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), 25% des victimes de violences sexuelles au Soudan du Sud sont des enfants. Des viols de filles aussi jeunes que sept ans ont été rapportés. Des femmes âgées et des femmes enceintes ont également été violées.
La Commission a également reçu des informations faisant état d’hommes victimes de violences sexuelles. Mais les violences sexuelles et sexistes perpétrées sur les hommes et les garçons sont beaucoup moins signalées que celles commises sur les femmes et les filles en raison d’une stigmatisation beaucoup plus importante.
« Vous enlevez et violez les belles femmes que vous trouvez »
A Leer, dans l’État d’Unité du Sud, la Commission a documenté un cas où plus de 8.000 jeunes hommes ont été recrutés pour se battre avec pour mots d’ordre : « Vous allez prendre du bétail à Mayendit, vous enlèverez et violerez également les belles femmes que vous y trouvez, vous pillerez leurs propriétés ». On a également dit à ces hommes que c’était le moment idéal pour se venger des parents qu’ils avaient perdus durant le conflit et qu’ils n’auraient jamais une telle occasion à l’avenir.
Notant que l’absence de responsabilité pour les décennies de violence perpétrée au cours de la lutte pour l’indépendance a contribué à alimenter le conflit actuel au Soudan du Sud, le rapport de la Commission souligne qu’une paix durable requiert une reddition des comptes ainsi qu’une justice crédible et tangible pour les milliers de victimes.
« Nous reconnaissons les efforts du gouvernement visant à tenir certains auteurs responsables de violations flagrantes des droits de l’homme et du droit international humanitaire, tels que le procès et la condamnation de soldats de la SPLA dans l’affaire du Terrain Hotel », a déclaré Andrew Clapham, membre de la Commission. « Cependant, nous devons également noter que l’impunité généralisée reste la norme » au Soudan du Sud, a-t-il déploré.
Alors que des milliers de personnes sont de nouveau contraintes de fuir leurs foyers en raison de la violence qui sévit toujours au Soudan du Sud, la Commission exhorte le gouvernement et toutes les parties au conflit à respecter la cessation des hostilités et à mettre en œuvre l’accord de paix revitalisé qu’ils ont signé il y a cinq mois.