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Algérie: contesté de toutes parts, le président de la chambre basse démissionne

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Contesté par les députés, dans son parti et dans la rue, le président de la chambre basse algérienne a démissionné mardi, dans un contexte de crise institutionnelle qui se profile en Algérie avec l’expiration du délai d’intérim, sans nouveau président élu.

Mouad Bouchareb avait conquis le perchoir de l’Assemblée populaire nationale (APN) fin octobre 2018, après des semaines de dissensions au sein du Front de libération nationale (FLN), parti alors présidé par le chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika, et d’un incroyable imbroglio avec le refus de son prédécesseur Saïd Bouhadja de quitter un poste dont il était constitutionnellement inamovible.

Il avait ensuite été imposé fin novembre par M. Bouteflika à la tête d’une « instance dirigeante » du FLN, remplaçant le secrétaire général Djamel Ould Abbes poussé à la démission. A l’époque, le camp du chef de l’Etat se mettait en ordre de marche pour sa réélection prévue à un 5e mandat lors de la présidentielle du 18 avril.

Depuis, un mouvement de contestation inédit a contraint M. Bouteflika à renoncer, à annuler le scrutin puis à démissionner le 2 avril après 20 ans de pouvoir. Ce contexte a par la même réveillé les fractures au sein du FLN, ancien parti unique qui domine la vie politique algérienne depuis l’indépendance en 1962.

Mouad Bouchareb avait quitté en avril, après la démission de M. Bouteflika, la tête du FLN, remplacé par Mohamed Djemai. Celui-ci réclamait également, depuis des semaines, son départ du perchoir de l’APN, où M. Bouchareb était fortement contesté, jusqu’au sein même du groupe FLN.

Dimanche, sept présidents de groupes parlementaires, cinq vice-présidents de l’APN et six présidents de commissions permanentes l’avaient appelé « à déposer sa démission immédiatement », selon l’agence officielle APS. Lundi, des députés FLN avaient empêché la tenue d’une séance de l’APN exigeant le « gel des travaux (…) jusqu’au départ » de M. Bouchareb.

Des méthodes qui avait déjà été employées pour évincer M. Bouhadja du perchoir en octobre et imposer M. Bouchareb.

« Faites de beaux rêves »

Mouad Bouchareb figure également, avec le président par intérim Abdelkader Bensalah, le Premier ministre Nourredine Bedoui et le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, parmi les principaux dirigeants de la présidence Bouteflika dont les manifestants exigent chaque vendredi le départ.

Soutien zélé d’un 5e mandat de M. Bouteflika, il avait, au lendemain des premières manifestations le 22 février, accusé les manifestants de semer la discorde et leur avait lancé « faites de beaux rêves ! ».

« Mouad Bouchareb a démissionné ce (mardi) matin de son poste de président » de l’APN, a indiqué à l’AFP Abdelhamid Si Affif, président de la commission des Affaires étrangères, précisant que l’élection de son successeur aurait lieu d’ici 15 jours.

Cette démission vient ajouter à l’incertitude institutionnelle qui prévaut en Algérie avec l’expiration prévue le 9 juillet de la période d’intérim à la tête de l’Etat, ouverte par la démission de M. Bouteflika.

L’impossibilité d’organiser le 4 juillet, faute de candidats, la présidentielle ne permet pas à M. Bensalah, président de la Chambre haute qui assure l’intérim depuis le 9 avril, de rendre le pouvoir avant l’issue de la période de 90 jours prévue par la Constitution.

Il a déjà annoncé qu’il prolongerait ses fonctions jusqu’à l’élection d’un nouveau président, à une date pour l’heure non indiquée.

« Face-à-face tendu »

Le mouvement de contestation continue de refuser que le « système » en place organise le scrutin et réclame au préalable le départ de tous les anciens soutiens de M. Bouteflika et la mise sur pied d’institutions de transition chargées de réformer l’Etat et d’élaborer une nouvelle Constitution.

Et les positions semblent figées. « On entre dans un face-à-face tendu, dans lequel personne ne veut lâcher prise », dit à l’AFP l’historienne Karima Dirèche, directrice de recherche au CNRS (Centre national de la Recherche scientifique) français.

Le prochain vendredi de manifestations -le 20e- pour une « IIe République » coïncidera avec le 57e anniversaire de l’indépendance (5 juillet 1962).

Ce mardi, comme chaque semaine, ce sont les étudiants qui sont redescendus dans la rue. Ils ont notamment appelé à la libération des manifestants récemment arrêtés.

Ils ont également réclamé celle de Lakhdar Bouregaa (86 ans), héros de la Guerre d’indépendance, inculpé dimanche d' »outrage à corps constitué et atteinte au moral de l’armée » et incarcéré, après des propos critiques contre le général Ahmed Gaïd Salah, homme fort du pays depuis la démission de M. Bouteflika.

AFP

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