La principale coalition d’opposition au Zimbabwe a affirmé lundi qu’il lui avait été interdit de rencontrer deux émissaires sud-africains venus à Harare pour évaluer la situation chez son voisin où la répression des opposants s’est récemment accentuée. Les envoyés spéciaux de Pretoria ont rencontré le président Emmerson Mnangagwa et les dirigeants du parti au pouvoir, l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF).
Mais les dirigeants de l’alliance formée autour du principal parti d’opposition, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), ont affirmé ne pas avoir pu rencontrer les émissaires.
« Une délégation est restée dans l’attente d’une rencontre depuis 10h00 du matin (08h00 GMT) et s’est vue signifier en fin de journée que les envoyés spéciaux rentreraient en Afrique du Sud sans rencontrer la délégation de l’Alliance du MDC », a déclaré la porte-parole de la coalition Fadzayi dans un communiqué.
« Il est clair que M. Mnangagwa n’est pas disposé à résoudre la crise nationale par un véritable dialogue », a-t-elle ajouté.Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a nommé envoyés spéciaux pour le Zimbabwe l’ancienne présidente du Parlement Baleka Mbete et l’ex-ministre Sydney Mufamadi, pour « identifier les moyens possibles » d’assister ce pays voisin en crise depuis plus de 20 ans.
Le président Mnangagwa a promis la semaine dernière de « débusquer » ses opposants politiques alors que des organisations de défense des droits de l’homme ont signalé l’arrestation de dizaines d’activistes.
Il y a dix jours, les autorités ont interdit des manifestations pour protester contre la corruption et la crise économique dans le pays. Plusieurs personnes ont été arrêtées, dont l’écrivaine zimbabwéenne Tsitsi Dangarembga, en lice pour le prestigieux prix littéraire britannique Booker Prize, remise en liberté sous caution le lendemain de son interpellation.
A la tête de la petite formation Transformer le Zimbabwe, l’opposant Jacob Ngarivhume avait appelé à manifester, tout comme le journaliste et lanceur d’alerte Hopewell Chin’ono. Tous deux, arrêtés avant cette manifestation, sont encore en détention, accusés d’incitation publique à la violence.Amnesty International a condamné une « chasse aux sorcières et la répression menée contre des opposants pacifiques ».
AFP