Empêchés de traverser le Yémen en guerre vers une autre destination, plusieurs centaines de migrants africains ont été parqués dans un stade d’Aden, dans le sud du pays, où leurs conditions de vie suscitent de vives inquiétudes.
Ces migrants viennent principalement d’Ethiopie, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Ils ont été arrêtés par les services de sécurité d’Aden, contrôlée par des forces progouvernementales.
« Selon nos estimations, il y a 1.789 migrants sur le site », a déclaré à l’AFP Olivia Headon, porte-parole de l’OIM au Yémen, en soulignant que le stade où ils sont parqués ne présente aucune norme de santé ou de sécurité.
Ce sont en majorité des hommes adultes, mais il y a aussi 389 garçons et 28 filles de moins de 18 ans, a dit Mme Headon.
Le Yémen est en guerre depuis plus de quatre ans. Les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran et maîtres de la capitale Sanaa, tiennent tête aux forces progouvernementales appuyées militairement par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.
– « Mieux vaut mourir » –
En dépit des combats, le Yémen attire toujours des migrants de la Corne de l’Afrique, qui passent par Djibouti avant d’entreprendre la périlleuse traversée en mer en direction d’Aden.
De là, ils tentent généralement de se rendre dans d’autres pays du Golfe, à la recherche d’un travail.
Certains ne survivent pas à la traversée en raison de naufrages ou parce qu’ils sont forcés par des trafiquants à sauter dans l’eau à l’approche des côtes yéménites alors qu’ils ne savent pas nager.
La semaine dernière, les forces de sécurité d’Aden ont lancé une campagne pour rapatrier tous les migrants, a indiqué une source policière à l’AFP.
Après avoir été placés dans des camps de fortune à travers la ville, ces migrants ont été rassemblés dans le stade situé dans le quartier du 22 mai, selon cette source.
Assis en plein air, ils se disputent des morceaux de pain, parlementent avec des policiers ou tentent de se protéger du soleil.
Mohammed Nour, un Ethiopien, a débarqué il y quelques jours. « Je ne veux pas rester au Yémen, je veux aller en Arabie saoudite chercher du travail », a-t-il dit à l’AFP.
« Il n’y a ni nourriture, ni eau, Il n’y ni salle de bain, ni douche. Nous avons faim, ils nous tuent de faim. Je leur ai dit qu’il vaut mieux mourir ».
« Je suis ici depuis deux jours », a indiqué un autre Ethiopien, Abdallah Nour.
« Nous avons eu des problèmes avec les soldats et la police. Il n’y a pas d’ombre et on est coincés ici sous le soleil ».
– « Pas d’abri » –
L’OIM s’est inquiétée des conditions de vie dans le stade.
« Le site n’est pas fait pour accueillir qui que ce soit, même pas une seule personne, et encore moins des milliers de personnes », a souligné Mme Headon.
« Ils n’ont pas accès aux toilettes. Ils doivent faire leurs besoins à l’extérieur, ce qui représente un énorme problème de santé. Il n’y a pas d’abri. Il n’y a pas de couvertures ».
« Nous avons commencé à transporter de l’eau par camion, à effectuer des examens médicaux et à distribuer de la nourriture, avec l’aide d’organisations locales, mais l’accès aux denrées alimentaires reste limité », a-t-elle déploré.
Le conflit au Yémen a provoqué la pire crise humanitaire en cours dans le monde, selon les Nations unies.
Près de 150.000 migrants sont arrivés au Yémen en 2018, dont 92% sont des Ethiopiens, selon l’OIM.
L’organisation travaille actuellement avec d’autres agences de l’ONU pour aider les migrants à rentrer chez eux sur la base du volontariat.
En janvier, l’OIM a annoncé son intention de rapatrier par avion quelque 3.000 migrants éthiopiens cette année.
L’organisation avait suspendu ses vols de retour volontaire en 2015 quand l’Arabie saoudite était intervenue militairement et a relancé les ponts aériens en 2018.