L’activité du volcan Nyiragongo, dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), dont les alentours étaient toujours secoués lundi par de fréquents tremblements de terre, devrait aller en diminuant, a estimé un volcanologue local.
« La coulée de lave n’évolue plus, mais les tremblements de terre continuent » et il y a toujours « une incertitude », a déclaré le directeur scientifique de l’Observatoire de volcanologie de Goma (OVG), Kasereka Mahinda. Cependant, « les secousses qui montrent l’intensité de l’éruption ont diminué d’amplitude, c’est à dire que l’activité est en train de diminuer, sauf les tremblements de terre », a-t-il noté.
« L’activité (volcanique) devrait aller en diminuant ». M. Mahinda s’exprimait après avoir pris part à un nouveau vol de reconnaissance de la mission de l’ONU en RDC (Monusco) sur les flancs du Nyiragongo, dont le sommet culmine à près de 3.500 mètres, dominant la ville de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, et les eaux du lac Kivu, près des frontières avec le Rwanda et l’Ouganda.
Du fait du brouillard et de la poussière, « nous n’avons pas vu l’intérieur du cratère », a déclaré à la presse M. Kasereka, qui a émis « deux hypothèses ». »Si de la lave est encore présente à l’intérieur du cratère, des fractures (sur les flancs du volcan) peuvent se réactiver et commencer une autre éruption », a-t-il avancé.
« Dans le cas contraire, s’il n’y a pas de lave dans le cratère, ces tremblements de terre se produisent car la Terre est en train de se reconstituer », se rééquilibrer. »Une femme, pour se remettre d’une grossesse et d’un accouchement, connait des douleurs. La Terre aussi est en train de se remettre, elle ressent des douleurs », a-t-il expliqué de façon imagée.
Le Nyiragongo est entré soudainement en éruption samedi soir, provoquant la peur et la fuite des habitants. La plupart sont rentrés depuis lors, mais restaient inquiets du fait des séismes qui continuent de secouer la région. L’éruption s’est faite par un flanc du volcan, à une altitude de 1.800 mètres, selon M. Kasereka. Les « sites éruptifs sont plus bas » que pour la dernière éruption de 2002 (2.800 mètres).
Il y a eu deux coulées de lave: l’une vers l’est a pris la direction du Rwanda, où elle a coupé sur un kilomètre la route Goma-Butembo, un important axe régional; la deuxième coulée s’est dirigée du côté sud vers Goma et son aéroport, s’immobilisant dimanche matin en lisière de la ville.
« Les deux coulées ne progressent plus, mais il y a une grande épaisseur de lave allant de 1 à 8 mètres. (…) Des couches sont encore actives », a souligné M. Kasereka, appelant à « éviter ces endroits » du fait des probables émanations toxiques.
En 2002, « nous avons eu près de 400 séismes par jour », a-t-il par ailleurs rappelé, jugeant que les tremblements de terre actuels « vont aller en diminuant ».
L’OVG surveille par ailleurs des fissures apparues ce jour dans le sol dans la ville même de Goma et le scientifique a, là aussi, mis en garde contre les risques « d’émanation de dioxyde de carbone ». Interrogé à propos du lac Kivu, qui retient sous terre de très importantes quantité de gaz méthane, M. Kasereka a jugé que « le lac est stable ».
AFP