Un conflit foncier a dégénéré en nouvelles violences communautaires qui ont fait au moins quatre morts en début de semaine à Kisangani, grande ville du centre-est de la République démocratique du Congo, a-t-on appris jeudi auprès des autorités locales.
Selon la société civile, plusieurs personnes avaient déjà été tuées autour du 10 avril dans ce conflit opposant les tribus Mbole et Lengola, qui vivaient jusqu’alors sans problème dans une commune de Kisangani, Lubunga, sur la rive gauche du fleuve Congo, dans la province de la Tshopo.
Le calme semblait revenu mais les violences ont repris. « C’est un conflit foncier entre deux communautés, qui prend des allures très inquiétantes », a déclaré jeudi le maire de Kisangani, Delly Likunde, interrogé par l’AFP.
Selon lui, quatre personnes ont été tuées mardi. « Une commission vient d’être mise en place, des enquêtes sont en cours », a-t-il ajouté, assurant que « la police et l’armée sont en train de rétablir l’autorité de l’État ».
Le député provincial Théovel Lotika indique de son côté avoir compté cinq morts durant la journée du 2 mai. « C’est inquiétant de voir des gens circuler dans les quartiers avec des armes à feu et des armes blanches sans aucune intervention conséquente », a-t-il déclaré à l’AFP.
Prince Héritier Isomela, président d’une association locale de la société civile, a également chiffré le nombre de morts à au moins cinq. Selon lui, parmi les victimes, une a été lynchée et brûlée, une autre décapitée.
Les problèmes semblent avoir commencé quand des terres ont été vendues à une entreprise par des membres de la communauté Lengola et que la tribu Mbole leur a contesté le droit de mener ce genre de transaction sans consultations préalables.
Ce conflit s’ajoute à un autre dans l’ouest du pays, parti lui aussi de litiges fonciers entre les tribus Teke et Yaka, qui a fait au moins 300 morts en moins d’un an selon Human Rights Watch.
Les provinces de l’est de la RDC sont quant à elles en proie depuis près de 30 ans aux violences meurtrières de groupes armés, locaux et étrangers, pour beaucoup hérités de guerres qui ont ensanglanté la région dans les années 1990-2000.
AFP