Un député de l’opposition emprisonné au Zimbabwe, ayant passé 190 jours derrière les barreaux sans procès, s’est vu de nouveau refuser sa libération mercredi par un tribunal qui a reporté une éventuelle libération sous caution.
Job Sikhala, 50 ans, membre actif de l’opposition, est emprisonné dans une prison de haute sécurité de Harare depuis juin, date à laquelle il a été arrêté avec d’autres militants de l’opposition pour incitation à la violence publique. Arrêtés à ses côtés, plus d’une dizaine d’autres membres du principal parti d’opposition, la Coalition Citoyenne pour le Changement (CCC), ont depuis été libérés.
Job Sikhala, qui au cours d’une carrière politique de plus de deux décennies a été arrêté 67 fois, selon son avocat, mais n’a jamais été condamné, a demandé une libération sous caution à dix reprises, en vain. « J’ai besoin de plus de temps pour étudier les décisions rendues par les tribunaux précédents », a déclaré le juge chargé du dossier, Samuel Deme.
Sa dernière requête avait été rejetée en novembre par un magistrat ayant décrit M. Sikhala comme un « incorrigible criminel impénitent ». Job Sikhala a été incarcéré le 14 juin avec son collègue politicien de l’opposition Godfrey Sithole pour un discours qu’il a prononcé lors des funérailles d’un autre militant de l’opposition dont le corps mutilé avait été retrouvé dans un puits quelques jours plus tôt.
Quatorze autres militants de l’opposition avaient également été arrêtés après avoir affronté des membres du parti au pouvoir lors de cette même cérémonie. Tous, sauf M. Sikhala, ont été libérés depuis. Les associations de défense des droits de l’homme et les partis d’opposition soulignent une répression grandissante du gouvernement contre l’opposition.
Le président Emmerson Mnangagwa, qui a succédé en 2017 à Robert Mugabe au pouvoir pendant 37 ans, avait promis de tourner la page de l’autoritarisme. Mais il est régulièrement accusé de museler toute voix dissidente à l’approche des élections générales qui doivent être organisées en 2023.
AFP