Le parti libéral Qalb Tounès, membre de la coalition gouvernementale en Tunisie, a réclamé jeudi la libération de son dirigeant Nabil Karoui, en détention préventive depuis plusieurs mois dans le cadre d’une enquête pour blanchiment.
Qalb Tounès a déploré une « machination politique », soulignant que sa détention provisoire avait dépassé les délais légaux.M. Karoui, 57 ans, qui était arrivé finaliste à la présidentielle de 2019 face à Kais Saied, est le fondateur de la principale chaîne privée tunisienne Nessma TV, qui appartient en partie à Silvio Berlusconi.
Il avait passé plus d’un mois en prison en pleine campagne électorale, dans le cadre d’une enquête pour blanchiment d’argent et fraude fiscale ouverte depuis 2017, ce qui avait laissé craindre une instrumentalisation de la justice.
Libéré, il a été de nouveau été arrêté en décembre dernier, et se trouve depuis en détention préventive pour la même affaire. »Nous appelons à la libération immédiate de Nabil Karoui, et à la cessation du harcèlement politique et de la détention forcée », a déclaré jeudi un député du parti, Oussama Khlifi, lors d’une conférence de presse au Parlement.
Le parti a fait valoir que sa détention provisoire avait dépassé de 23 jours la durée maximum légale.En vertu de la loi tunisienne, la durée maximale de détention provisoire est de six mois, qui ne peut être prolongée que par la décision d’un juge, motivée et susceptible d’appel, a confirmé le parquet, qui n’a pas souhaité commenter ce cas.
« Nous sommes dans une bataille politique, dont la victime est Nabil Karoui, qui est (…) pris en otage », a ajouté M. Khlifi.Qalb Tounès forme une coalition contre nature avec le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, au sein d’un Parlement fragmenté.
Cette coalition est en conflit avec le président Kais Saied, un indépendant qui accuse les partis d’être corrompus.M. Karoui, dont le programme pour la présidentielle était axé sur l’anti-islamisme et la lutte contre la pauvreté, avait été largement battu par M. Saied, sur fond de rejet des élites au pouvoir depuis la révolution de 2011.Qalb Tounès détient actuellement 28 sièges et Ennahdha 54 sur 217 au Parlement.
AFP