Le député tunisien Seifeddine Makhlouf, critique virulent du président Kais Saied, a été de nouveau arrêté à la suite d’un mandat de dépôt émis par un tribunal militaire pour « atteinte à la dignité de l’armée », a indiqué mercredi son avocat à l’AFP.
Chef d’Al-Karama, un parti islamo-nationaliste ultraconservateur allié au mouvement d’inspiration islamiste Ennahdha, Seifeddine Makhlouf avait déjà été brièvement interpellé le 17 septembre alors qu’il se rendait au tribunal militaire de Tunis pour se présenter devant un juge d’instruction.
Il a perdu son immunité parlementaire, à la suite du coup de force du président Kais Saied qui s’est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet, en limogeant son Premier ministre, suspendant le Parlement et en prenant aussi le contrôle du pouvoir judiciaire.
Le député faisait déjà l’objet d’un mandat d’amener émis par la justice militaire depuis le 2 septembre pour une affaire liée à une altercation survenue en mars à l’aéroport de Tunis. M. Makhlouf ainsi que deux autres députés de son bloc sont soupçonnés d’avoir insulté des agents de la police aux frontières qui avaient interdit à une femme de voyager.
La nouvelle arrestation « n’est pas liée à l’affaire de l’aéroport. C’est un autre dossier judiciaire ouvert à son encontre par la justice militaire », a précisé son avocat Anouar Ouled Ali. Seifeddine Makhlouf est accusé d’avoir porter atteinte à l’armée dans un échange avec un responsable militaire alors qu’il se trouvait au tribunal militaire pour soutenir un autre député de son parti, poursuivi dans l’affaire de l’aéroport.
Dans un communiqué envoyé mercredi à l’AFP, le tribunal militaire de première instance de Tunis a précisé qu’une enquête judiciaire avait été ouverte mardi contre M. Makhlouf. Ce dernier « a fait outrage et menacé l’un des juges militaires » alors qu’il se trouvait au siège du tribunal, est-il ajouté dans le communiqué. « Cette poursuite militaire des opposants politiques est un scandale! Ce qui arrive à Seifeddine Makhlouf est un vrai règlement de comptes politiques », a réagi Mr Ouled Ali.
AFP