Le président tunisien Kais Saied, qui accapare les pouvoirs depuis juillet, s’est arrogé vendredi le droit de nommer le chef de l’Autorité électorale, à quelques mois d’un référendum et un scrutin législatif que cette instance doit superviser.
Selon un décret publié par le Journal officiel, le chef de l’Etat nommera trois des sept membres de l’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (Isie), dont le président. L’Isie, créée en vertu d’une loi organique en 2012, compte dans sa structure actuelle neuf membres dont un président désigné par le Parlement.
Après des mois de blocage politique, M. Saied, élu fin 2019, s’est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet en limogeant le Premier ministre et en suspendant le Parlement dominée par le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, sa bête noire, avant de le dissoudre en mars.
En février, le président Saied avait dissous le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour le remplacer par un organe de supervision judiciaire « temporaire » dont il a nommé les membres. L’actuel président de l’Isie, Nabil Baffoun, est un critique du coup de force de M. Saied. Il a averti que tout changement dans sa composition par ordre présidentiel serait « illégal ».
Les détracteurs de M. Saied l’accusent de vouloir mettre en place une instance électorale docile avant un référendum prévu en juillet sur des réformes constitutionnelles qu’il appelle de ses voeux et des élections législatives en décembre.
AFP