Des milliers de boulangeries en Tunisie ont observé une nouvelle grève mercredi pour réclamer le versement par le gouvernement des compensations qui leur sont dues au titre des subventions étatiques.
Plus de 3.100 boulangeries, soit près de 90% de celles censées bénéficier des aides étatiques, ont répondu à l’appel à la grève de la Chambre syndicale nationale des propriétaires de boulangeries pour réclamer le versement de 14 mois de subsides non payés, estimés à 260 millions de dinars (78 millions d’euros), a indiqué à l’AFP le chef de ce syndicat, Mohamed Bouanane.
« Nous poursuivrons notre grève puisque nous n’avons reçu aucune réponse positive de la part du gouvernement », a ajouté M. Bouanane après un entretien avec un représentant du cabinet du ministre du Commerce. Selon lui, le gouvernement s’est borné à promettre de verser progressivement à partir de janvier les compensations dues.
Contacté par l’AFP, le service de communication de la présidence du gouvernement était injoignable. Cette chambre syndicale a déjà organisé fin octobre une grève similaire avant de la suspendre après un accord avec le gouvernement pour le versement aux boulangeries des aides couvrant une période de quatre mois, soit l’équivalent de 23,5 millions d’euros.
Cet accord est resté lettre morte, a regretté M. Bouanane. « Nous ne pouvons plus continuer à travailler, nous sommes incapables de payer nos ouvriers et toutes nos charges. Le gouvernement doit nous payer! », a déploré un boulanger en grève joint par téléphone. Près de 1.200 boulangeries, qui ne sont pas concernées par le système de compensation, ont continué de fonctionner normalement mercredi.
La Tunisie est en proie à une profonde crise financière se traduisant ces derniers mois par des pénuries récurrentes de produits de base (sucre, lait, riz …), dans un contexte d’inflation galopante de 9,8%, selon le dernier chiffre officiel publié début décembre. Le pays, qui organise dans dix jours ses élections législatives, est également englué dans une grave crise politique depuis le coup de force du président Kais Saied qui s’est emparé des pleins pouvoirs le 25 juillet 2021.
AFP