Le gouvernement togolais a une nouvelle fois interdit un meeting de l’opposition, invoquant cette fois des raisons « sécuritaires » contre un rassemblement prévu pour samedi à Lomé, selon un communiqué du ministre de la Sécurité, le général Yark Damehame.
La Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) – qui regroupe sept partis politiques de l’opposition et six organisations de la société civile – a appelé à ce meeting pour dénoncer notamment la vie chère, la mauvaise gouvernance et l’impunité. Mais dans un communiqué publié mercredi soir, le général Damehame a jugé que « l’organisation d’une telle manifestation dans un contexte sécuritaire sous-régional et national actuel très préoccupant (était) de nature à compromettre les efforts pour préserver l’ordre public et la sécurité nationale ».
Depuis le début de l’année, l’extrême nord du Togo a été frappé par deux attaques jihadistes, les premières depuis que l’armée y est déployée pour faire face à la menace d’un débordement de la violence des groupes jihadistes présents au Burkina Faso voisin. L’une de ces attaques, au cours de laquelle huit soldats togolais ont été tués, a été revendiquée par la principale alliance jihadiste du Sahel liée à Al-Qaïda, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM).
Les autorités ont décrété le 13 juin, « l’état d’urgence » sécuritaire pour trois mois dans la région des Savanes, à plus de 500 kilomètres de la capitale togolaise. C’est la première fois que le gouvernement évoque des raisons « sécuritaires » pour interdire un rassemblement à Lomé. Depuis la découverte du premier cas de coronavirus en mars 2020, toutes les manifestations de l’opposition ont été interdites par le gouvernement, qui invoquait alors des raisons sanitaires.
« Cette décision n’est pas justifiée. Car dans les pays comme le Mali où le risque sécuritaire est hautement élevé, les populations exercent leurs droits de citoyens », a déclaré jeudi à l’AFP Brigitte Adjamagbo-Johnson, coordinatrice de la DMK. Néanmoins, a-t-elle ajouté, il a été décidé de ne pas braver l’interdiction « pour ne pas exposer la vie et l’intégrité physique des Togolais devant cette attitude antidémocratique et liberticide des autorités ».
« La mobilisation que nous avons suscitée a fait peur au régime (et) ce n’est qu’une partie remise », a affirmé Mme Adjamagbo-Johnson, indiquant que « le meeting aurait lieu le 16 juillet ». La DMK est un mouvement qui a soutenu l’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo, arrivé en deuxième position à la présidentielle de 2020 avec 19,46% des suffrages contre 70,78% pour Faure Gnassingbé.
En exil, M. Kodjo, qui n’a pas fait d’apparition publique depuis juillet 2020, conteste toujours les résultats de ce scrutin dans des messages diffusés sur les réseaux sociaux. Le président Faure Gnassingbé est arrivé au pouvoir en 2005 après le décès de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui avait dirigé le Togo d’une main de fer pendant 38 ans. Il a été réélu lors de scrutins qui ont tous été contestés par l’opposition.
AFP