La junte au pouvoir au Tchad depuis la mort du président Idriss Déby Itno a autorisé mercredi une manifestation prévue jeudi de l’opposition la plus critique en changeant l’itinéraire initial des organisateurs, selon un arrêté du ministre de la Sécurité publique.
Des associations de la société civile et le parti « Les Transformateurs » de l’opposant Succès Masra ont appelé à manifester contre « la confiscation du pouvoir » du Conseil militaire de transition (CMT), dirigé par le fils d’Idriss Déby, Mahamat Idriss Déby Itno, « exiger la révision de la charte actuelle et l’organisation d’une conférence nationale souveraine, inclusive et globale », selon un communiqué.
« En dépit de changements de notre itinéraire, nous avons accepté le changement d’itinéraire voulu par le gouvernement pour montrer notre capacité de mobilisation », a indiqué à l’AFP Me Max Loalngar, coordinateur de Wakit Tamma, une plateforme de l’opposition. »Nous sommes en train de mobiliser nos points focaux pour qu’ils convergent vers l’itinéraire qui nous a été accordé », a de son côté réagi Mahamat Nour Ahmed Ibedou, également organisateur de la marche.
Depuis l’annonce de la mort du président Déby le 20 avril, Mahamat Idriss Déby Itno, 37 ans, concentre presque tous les pouvoirs. Il s’est arrogé les titres de président de la République et de chef suprême des armées. Il a promis des élections « libres et démocratiques » dans une période de 18 mois renouvelable, mais sans exclure une prolongation de la transition.
Le 27 avril, six personnes avaient été tuées à N’Djamena et dans le sud du Tchad, selon les autorités, neuf selon une ONG locale, au cours de manifestations interdites, à l’appel de l’opposition et de la société civile. Plus de 600 personnes avaient été arrêtées.
La junte a depuis donné son accord à plusieurs manifestations de soutien au pouvoir militaire. Le 12 juillet, elle avait autorisé pour la première fois une marche de l’opposition, en changeant déjà l’itinéraire initial, ce qui avait poussé les organisateurs à annuler la mobilisation.
Le CMT a dissous le Parlement et le gouvernement et abrogé la Constitution. Sous la pression internationale, la junte a finalement nommé un « gouvernement de transition » de civils le 2 mai, dirigé par Albert Pahimi Padacké, le dernier Premier ministre du défunt.
AFP