L’un des leaders de l’opposition tanzanienne, Tundu Lissu, a annoncé vendredi qu’il allait rentrer d’exil le 25 janvier pour « écrire un nouveau chapitre », quelques jours après que le pouvoir a annoncé la levée de l’interdiction des meetings qui frappait l’opposition depuis 2016.
M. Lissu a fui la Tanzanie après une tentative d’assassinat en 2017, où 16 coups de feu furent tirés contre lui, et vit depuis la majeure partie de son temps en Belgique. Mardi, la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan a annoncé la fin de l’interdiction des meetings de l’opposition imposé par son autoritaire prédécesseur John Magufuli, décédé en mars 2021.
Ce nouveau signal d’ouverture a été salué par les formations politiques et les organisations de défense des droits humains. « Nous ne pouvons pas continuer à vivre indéfiniment en exil », a déclaré M. Lissu dans un discours diffusé en direct sur YouTube et relayé par des télévisions locales tanzaniennes.
« Je suis optimiste sur le fait que nous écrirons un nouveau chapitre cette année (…) 2023 est une année importante dans l’histoire de notre pays », a-t-il ajouté, concluant: « Je reviens pour le nouveau départ de notre nation ». M. Lissu est vice-président de Chadema, le principal parti d’opposition, qui a annoncé qu’il reprendrait ses manifestations le 21 janvier.
Son dernier séjour en Tanzanie date de la fin 2020, lorsqu’il était candidat à l’élection présidentielle contre John Magufuli, qui mourra cinq mois après sa réélection. Cette dernière avait été contestée par l’opposition, qui avait appelé à des manifestations. M. Lissu avait alors reçu des menaces de mort puis quitté le pays.
La présidence de M. Magufuli, élu pour la première fois en 2015 et surnommé « le bulldozer » pour son style brutal et intransigeant, a été marquée par une répression des médias, de la liberté d’expression et de l’opposition politique, qui ont abimé l’image d’un pays jusque-là réputé pour être un pôle de stabilité démocratique en Afrique de l’Est.
M. Lissu, un véhément critique de M. Magufuli et son parti au pouvoir, a été attaqué à l’arme à feu en 2017 alors qu’il se trouvait dans sa voiture, et a passé les années suivantes en convalescence en Belgique.
L’arrivée au pouvoir de Samia Suluhu Hassan a marqué une rupture avec l’ère Magufuli – dont elle était la vice-présidente. Elle a notamment tendu la main à l’opposition et autorisé la réouverture de médias interdits. Au début 2022, elle avait rencontré M. Lissu en marge d’un déplacement à Bruxelles.
AFP