Au moins 213 personnes ont été tuées en quatre jours de violences tribales au Darfour, a affirmé mardi soir le gouverneur de cette région de l’ouest du Soudan ravagée depuis des décennies par la guerre.
Ces violences ont débuté vendredi à Krink, habitée majoritairement par la tribu des Massalit, et se sont étendues vers El-Geneina, la capitale du Darfour-Ouest. Selon la Coordination générale pour réfugiés et déplacés du Darfour, les violences ont éclaté lorsque des combattants armés issus de tribus arabes ont attaqué des villages Massalit, une minorité ethnique africaine, en représailles à la mort jeudi de deux membres de leurs tribus.
Le bilan le plus lourd a été enregistré dimanche avec « 201 morts et 13 blessés », a précisé le gouverneur du Darfour-Ouest Khamis Abkar dans une vidéo diffusée tard mardi. Par ailleurs, huit personnes ont été tuées vendredi et quatre autres lundi, toujours selon M. Abkar. Dans sa vidéo, le gouverneur a aussi accusé les forces gouvernementales chargées d’assurer la sécurité de Krink de s’être « retirées sans aucune justification » alors que les combats s’intensifiaient dimanche.
La ville de Krink « a été complètement détruite, y compris les institutions gouvernementales », a déploré M. Abkar. « C’est un crime contre l’humanité. » Des témoins ont accusé la milice janjawid, force supplétive du gouvernement soudanais, d’avoir orchestré les violences.
Ces miliciens utilisés par le dictateur Omar el-Béchir dans sa longue guerre lancée en 2003 au Darfour ont ces dernières années rejoint par milliers les Forces de soutien rapide (FSR), dirigées par le général Mohammed Hamdane Daglo, numéro deux du pouvoir militaire en place depuis le putsch d’octobre à Khartoum.
Selon l’ONU, des dizaines de personnes ont été tuées et des centaines de maisons incendiées lors de plusieurs épisodes de violence au Darfour ces derniers mois favorisés, selon les experts, par le vide sécuritaire créé par le putsch du général Abdel Fattah al-Burhane à Khartoum en octobre.
La région a été ravagée par une guerre civile déclenchée en 2003 entre le régime à majorité arabe et les insurgés issus de minorités ethniques dénonçant des discriminations. Environ 300.000 personnes sont mortes et près de 2,5 millions déplacées durant les premières années de violences, d’après l’ONU.
Le Soudan, sorti en 2019 de 30 années de dictature sous Omar el-Béchir, est depuis le coup d’Etat d’octobre englué dans le marasme politique et économique.
AFP