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Soudan : l’ONU appelle l’armée « à la retenue » lors des manifestations prévues samedi

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La cheffe des droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet a appelé vendredi l’armée soudanaise à la retenue lors des manifestations attendues samedi dans la capitale Khartoum et dans plusieurs autres localités soudanaises. 

Selon les services de la Haut-Commissaire Michelle Bachelet, les forces de sécurité doivent recevoir des instructions claires pour qu’elles ne dispersent pas les rassemblements pacifiques. Il s’agit de s’abstenir de recourir à la force, sauf en cas d’absolue nécessité, en dernier recours et uniquement dans la mesure minimale requise. 

« À la veille des manifestations prévues demain samedi dans tout le Soudan, nous demandons aux responsables militaires de veiller à ce que les droits du peuple soudanais à la liberté d’expression et de réunion pacifique soient pleinement respectés », a déclaré lors d’un point de presse à Genève, Elisabeth Throssell, une porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU.

Selon l’ONU, au moins quatorze personnes auraient été tuées et quelque 300 blessées lors des manifestations organisées entre le 25 et le 30 octobre, en raison d’un « usage inutile et disproportionné de la force par les forces militaires et de sécurité ». « Il est donc essentiel que toutes les mesures nécessaires soient prises pour éviter toute nouvelle effusion de sang lors des manifestations prévues demain et au-delà », a averti Mme Throssell. 

Une cinquantaine d’arrestations dont des responsables gouvernementaux, des acteurs politiques et de la société civile

Pour l’ONU, les responsables de ces violences, notamment l’utilisation de balles réelles contre les manifestants, doivent « rendre des comptes rapidement et de manière transparente », conformément aux lois et normes internationales relatives aux droits humains.  

Par ailleurs, le Bureau conjoint des Nations Unies pour les droits de l’homme au Soudan a vérifié depuis le 25 octobre dernier, l’arrestation de 57 personnes, dont des responsables gouvernementaux, des acteurs politiques et de la société civile, des défenseurs des droits de l’homme et des journalistes. 

« Nous croyons savoir que 10 de ces personnes ont été libérées depuis, mais nous n’avons toujours pas reçu de réponse écrite à notre demande officielle d’informations sur les détenus et d’accès à ces derniers », a précisé Mme Throssell, relevant que l’accès a également été refusé à leurs avocats et aux membres de leur famille ».  

Des centaines de manifestants arrêtés dont 87 enseignants

Outre ces détentions arbitraires, des centaines de manifestants ont également été arrêtés, dont, semble-t-il, 87 enseignants. Si la plupart d’entre eux sont détenus pendant une courte période puis relâchés, l’ONU croit savoir que certains restent en détention. « Nous exhortons également les autorités à libérer immédiatement toutes les personnes qui sont détenues arbitrairement depuis le coup d’État du 25 octobre, la plupart d’entre elles étant détenues au secret depuis plus de deux semaines », a dit la porte-parole du Haut-Commissariat.

Outre cette répression, les services d’Internet et de télécommunications restent réduits, entravant gravement la capacité des personnes à communiquer au milieu de la crise. Dans ces conditions, l’ONU demande aux autorités de respecter la décision rendue hier par le tribunal de Khartoum, ordonnant aux entreprises de télécommunications de rétablir les services Internet pour tous leurs clients dans l’attente de la suite de la procédure. 

Pour l’ONU, les mesures brutales telles que les coupures générales d’Internet et des télécommunications, parfois pendant des périodes prolongées, violent les principes de nécessité et de proportionnalité et sont contraires au droit international.

Le Sénégalais Adama Dieng, nouvel Expert des droits de l’homme de l’ONU pour le Soudan

Alors qu’une journée cruciale de manifestations est attendue demain samedi, l’ONU estime que la nomination d’un Conseil souverain constitue « un revers pour les efforts visant à obtenir un accord politique ». « Comme l’a souligné la Haut-Commissaire aux droits de l’homme, un dialogue significatif, inclusif et participatif est nécessaire de toute urgence pour assurer un retour rapide à un régime civil au Soudan », a conclu Mme Throssell.

Sur un autre plan, le Haut-Commissariat a officialisé la nomination du diplomate sénégalais et ancien Conseiller spécial des Nations-Unies pour la prévention du génocide, Adama Dieng, comme Expert indépendant de l’ONU chargé de surveiller la situation des droits de l’homme au Soudan. 

Dans une résolution approuvée par consensus lors d’une session spéciale vendredi dernier, les Etats membres du Conseil des droits de l’homme avaient renoncé à nommer, pour un an, un Rapporteur spécial. A la place, l’organe onusien a finalement penché pour l’aide d’un Expert sur les droits humains désigné par Mme Bachelet et qui doit rendre un rapport en juin prochain à Genève.

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