« Nous suivons de près l’évolution de la situation et appelons les autorités à s’abstenir de recourir à la force contre des manifestants pacifiques », a déclaré Mme Bachelet dans un communiqué rendu public à Genève.
Des milliers de manifestants se sont réunis dans la nuit du jeudi à vendredi devant le ministère soudanais de la Défense pour réclamer l’instauration d’un gouvernement civil en dépit de l’instauration d’un couvre-feu par l’armée dans la foulée de l’annonce jeudi de la chute du Président Omar Hassan el-Béchir.
Mme Bachelet a également souligné la nécessité d’enquêtes indépendantes, rapides et efficaces sur l’usage excessif de la force contre des manifestants depuis décembre dernier.
Les services de la Haut-Commissaire Bachelet entendent « veiller à ce que les forces de sécurité et les autorités judiciaires agissent en pleine conformité avec l’Etat de droit et les obligations internationales du Soudan en matière de droits humains ».
La crise au Soudan trouve ses racines dans les revendications des droits de l’homme -économiques, sociaux, civils et politiques. La solution doit donc être fondée sur les droits de l’homme.
Tout en appelant au calme, la cheffe des droits de l’homme de l’ONU invite les autorités à libérer toutes les personnes détenues pour avoir exercé leur droit de réunion et d’expression pacifiques. Interrogés sur le bilan des manifestations, les services de la Haut-Commissaire Bachelet notent qu’il y aurait entre « 40 et 70 morts depuis décembre dernier ».
« On parle également de centaines de manifestants détenus, mais ce sont des chiffres non confirmés et qui peuvent évoluer. Nous avons également reçu des informations selon lesquelles certains détenus politiques auraient été libérés. Nous n’avons pas encore pu confirmer ces informations, mais nous appelons les autorités à libérer tous les détenus politiques », a déclaré Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat lors d’un point de presse ce vendredi à Genève.
La sortie de crise doit être « fondée sur les droits de l’homme »
« Il est encourageant de constater qu’il n’y a pas eu de violences du jour au lendemain alors même que le couvre-feu imposé n’avait pas été respecté par des manifestants pacifiques ; cela nous encourage », a ajouté Mme Shamdasani sur la « nuit sans violence observée hier jeudi ».
Dans le communiqué, Mme Bachelet a précisé que la crise au Soudan « trouve ses racines dans les revendications des droits de l’homme – droits économiques, sociaux, civils et politiques ». Pour elle, « la solution » au Soudan doit donc être « fondée sur les droits de l’homme ».
L’ancienne Présidente chilienne a ainsi appelé Khartoum à répondre aux demandes de la population. « Il faut un effort concerté, avec la participation significative de la société civile, pour résoudre ces griefs », a insisté Mme Bachelet. « C’est un moment très critique et instable pour le Soudan et il existe une profonde incertitude et une appréhension concernant l’avenir », a-t-elle déclaré.