Le groupe à la tête du mouvement de contestation au Soudan, qui réclame depuis des mois le départ du pouvoir d’Omar el-Béchir, a appelé lundi à l’ouverture de négociations directes avec l’armée en vue de la formation d’un « gouvernement de transition ».
« Nous appelons les Forces armées soudanaises à engager un dialogue direct avec l’Alliance pour le changement et la liberté afin de faciliter un processus pacifique débouchant sur la formation d’un gouvernement de transition », a dit un dirigeant de l’organisation, Omar el-Digeir.
« Nous réitérons la demande du peuple de démission immédiate du chef du régime (Omar el-Béchir, ndlr) et de son gouvernement », a ajouté ce responsable, s’exprimant devant le QG de l’armée à Khartoum où sont rassemblés des milliers de manifestants pour le troisième jour de suite.
Depuis samedi, journée qui a été marquée par un net regain de la mobilisation, cette foule appelle les soldats à la soutenir.
Lundi, l’armée a déployé des troupes autour de son QG, et celles-ci ont installé des barricades dans plusieurs rues à proximité afin d’empêcher des véhicules de s’approcher, selon des témoins. Les soldats ne sont pas intervenus contre les manifestants.
Depuis l’éclatement de la contestation le 19 décembre, l’armée ne s’est pas immiscée dans la répression des protestations, menée par le puissant service de renseignement (NISS) et par les forces de police antiémeute.
Déclenchées par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain dans un contexte économique difficile, les manifestations se sont rapidement transformées en contestation contre M. Béchir, 75 ans, qui dirige le pays depuis un coup d’Etat en 1989.
Au moins 32 personnes sont décédées, selon les autorités. Human Rights Watch (HRW) a récemment évoqué le chiffre d’au moins 51 morts.