Les organisateurs des manifestations au Soudan ont appelé lundi les protestataires à rester mobilisés devant le siège de l’armée à Khartoum, dénonçant une tentative de « disperser le sit-in » qui rassemble des milliers de personnes depuis dix jours.
L’Association des professionnels soudanais (SPA) n’a pas précisé l’identité des personnes essayant de disperser la foule, mais des témoins ont indiqué que plusieurs véhicules de l’armée avaient encerclé le lieu où se tient le sit-in.
« Il y a une tentative de disperser le sit-in dans le secteur du QG de l’armée, ils essayent de retirer les barricades » installées par les manifestants sur les routes menant au sit-in, a déclaré la SPA dans un communiqué envoyé à l’AFP.
« Nous appelons notre peuple à venir immédiatement dans le secteur du sit-in pour protéger notre révolution », a ajouté cette association qui regroupe notamment des médecins, enseignants et ingénieurs.
Des témoins ont affirmé avoir vu des troupes retirer des barricades installées par mesure de sécurité.
« Les manifestants scandent +l’armée est notre armée+ », a indiqué à l’AFP un témoin sur place.
Selon des témoins, l’armée a déployé une banderole sur l’un des murs de son QG, sur laquelle est écrit: « Nos frères et soeurs, n’approchez pas. Vous avez été nos invités sous notre protection. Mais à présent, la loi d’urgence nous gouverne tous. »
Avant sa destitution, le président Omal el-Béchir avait instauré l’état d’urgence le 22 février, interdisant les rassemblements non autorisés.
Les professionnels soudanais ont interprété cette tentative de disperser la foule comme une « indication que le Conseil militaire ne respectera pas son engagement auprès du peuple » dans un communiqué séparé publié sur leur page Facebook.
Les organisateurs des manifestations ont présenté une liste de demandes au nouveau Conseil militaire de transition, à la tête du pays depuis la destitution de M. Béchir jeudi dernier après 30 ans au pouvoir.
Ils réclament notamment de transférer immédiatement le pouvoir à un gouvernement civil de transition et de faire juger M. Béchir et les dirigeants de son régime.